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4 mars 2014

Méditerranée de Jean-Daniel Pollet - 1963

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Tiens, un de ces cinéastes de la Nouvelle Vague aujourd'hui oubliés, pourquoi pas, d'autant que le gars Jean Douchet, dans son dernier livre, vante les mérites de Méditerranée. Coup d'oeil donc qui se transforma d'ailleurs assez vite en regard méditatif, tant cette oeuvre joue avec un calme très apaisant sur la pure poésie et sur la douceur. Au rythme lancinant de la voix de Pollet lisant un texte de Sollers sur une musique de Duhamel (tout un pan de l'art des années 60, ce générique), on regarde se succéder des images a priori sans autre lien qu'un réseau de correspondances subtiles entre elles. Correspondances qui resteront pour la plupart opaques au spectateur, mais qui se font sentir dessous le bazar, et finissent par constituer un film à la lisière du surréalisme, ou plutôt d'un naturalisme à la Francis Ponge si on peut chercher une comparaison quelque part.

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Une constante quand même : tous les plans viennent des abords de la Méditerranée, qu'il s'agisse de vestiges égyptiens, d'oliviers, de pêcheur maghrébins ou de corridas. La mer semble être le point de départ de cette observation à distance des choses, Pollet semblant toujours se placer en témoin plus qu'en metteur en scène. Le film joue d'ailleurs agréablement des variations de distance, pouvant monter un visage de jeune fille en gros plan avec un vaste plan de paysage, ou nous montrant la corrida parfois au plus près et parfois depuis le haut des tribunes.  Distances, mais aussi et surtout répétitions : chaque plan est répété à l'envi, jusqu'à former un lancinant faisceau de motifs constituant au bout du compte un véritable poème. Trouver une réelle signification à la chose serait inutile : on est là dans l'évocation, dans le sensible, et c'est vrai que mine de rien, ça déclenche pas mal d'émotions, d'impressions, de sentiments contradictoires et intéressants. Le film a une sorte d'éternité apaisée et sûre d'elle, à l'image de ces images de danses ancestrales ou de monuments antiques gagnés par les herbes folles. Même le cinéma semble peu à peu gagné par ce sentiment d'éternité, avec l'apparition bluffante des plans en photogrammes noir et blanc, qui vous ancrent tout ça dans le marbre en moins de deux. Pollet oppose ces très vastes images sans âge à celle, anachronique et surprenante, d'une jeune fille endormie (évanouie ?) qu'on promène le long d'un couloir d'hopital jusqu'à la table d'opération (je crois...), visage lui aussi apaisé, lui aussi figé dans une sorte d'arrêt du temps que dément le beau travelling latéral qui la suit pendant tout le film. Le texte et la voix se fondent vite dans cette ambiance très agréable d' "en-dehors du temps". Pollet a inventé un cinéma qui résiste au vieillissement, simplement en regardant les choses et les hommes avec la sensibilité d'un poète. Très joli.

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Commentaires
C
Bonjour à vous deux. Vous avez bien parlé d'un film dont vous ignorez peut-être l'étonnement qu'il provoqua lors de sa sortie (transit étonnement mundi ?). A part Godard qui écrivit dessus un de ses derniers articles comme critique, le film eut l'honneur d'être chahuté au festival du film d'avant-garde de Knokke-le-Zoute (1949-1975). Ne riez pas, c'était la Mecque du film expérimental.<br /> <br /> Pour revenir à Pollet avec lequel j'ai entretenu une petite collaboration (achevée, c'est le cas de le dire, par un docu posthume en 2006 figurant dans son deuxième coffret rétrospectif), il mériterait des développements ne serait-ce qu'à cause de sa filmo très étonnante qui alterne : <br /> <br /> 1) des "essais" cinématographiques ("Méditerrannée","L'ordre", "3 jours en Grèce", "Dieu sait quoi" justement sur l'univers de Francis Ponge) <br /> <br /> 2) des narrations plus classiques mais assez détonnantes ("Pourvu qu'on ait l'ivresse", le sketch hilarant de "Paris vu par...", et surtout "L'Acrobate"). <br /> <br /> Bravo pour votre oeuvre de salubrité publique !
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