Les Complices de la dernière Chance (The Last Run) (1971) de Richard Fleischer
On n'est jamais à l'abri de découvrir un film ultra à la coule. Ce Last Run de Fleisher (dont Huston s'est retiré prématurément : il ne devait pas boire la même marque de whisky que Scott) est ce que l'on pourrait appeler un film "Grand Tourismo" - catégorie particulière, il est vrai. Il y a la classe de la bagnole (dont la renaissance et la mort sont magnifiquement mis en parallèle avec celles du héros), il y a la classe de George C. Scott justement (type totalement "rangé des voitures" qui va se regonfler moralement le temps d'une dernière mise en route), il y a la classe des décors (ce film est une pub pour les routes de la Riviera de l'Italie à l'Espagne en passant par la France - j'ai toujours eu une grande passion pour les routes en corniche, je développerai ce concept un de ces quatre), la classe de Trish Van Devere, héroïne féminine racée (pour ne pas dire customisée) comme on en fait plus, il y a la classe de la musique de Goldsmith (même s'il est à Morricone ce que Mika est à Queen), bref il y a la classe. C'est typiquement le genre de film où il ne se passe typiquement rien mais qui file comme les bornes en bordure d'autoroute (allemande), soit à 200 km à l'heure - je pensais que le film avait commencé depuis un quart d'heure quand on était déjà à l'heure de jeu, c'est vous dire (j'avais un peu bu avant de prendre le volant de ce film, ce n'est pas tout à fait faux non plus - mais bon ce n'est pas non plus tous les jours qu'on déménage (de Fomboni sud à Fomboni nord, certes)). Mais ça parle de quoi sinon ?
Bah c'est juste l'histoire d'un driver payé pour permettre à un type de s'échapper de prison. Le hic de l'histoire c'est que nos deux gars (plus la cops de l'évadée) ne vont pas tarder à avoir un ptit paquet de types qui veulent la peau de l'ex prisonnier. Pour quelles raisons exactement ? On s'en fout un peu, le fait est qu'ils ont tout bonnement la mort aux trousses. Scott "mort" sentimentalement depuis longtemps (voire tout court) va reprendre du galon avec cette escapade, ces prises de risque (une montée d'adrénaline à l'égale de celle des pistons du moteur) et va même se permettre, à 87 ans, un flirt poussé avec la Trish... Celle-ci lui fait-elle des clins d'œil (pour ne pas dire des clignotants) pour mieux le doubler ? Ça, c'est l'histoire qu'il le dira. Le fait est que notre Scott revit littéralement. Si notre héros est rusé comme un renard, rapide comme un lièvre et sage comme une tortue, le prisonnier qu'il tente d'aider est plutôt du genre con comme un buffle. Un type qui se la joue à l'instinct est qui prend son pied quand il faut tuer sa cible. Pas un gars fute-fute mais qui contribue à mettre un peu d'huile dans le moteur du Scott, totalement revigoré par cette jeunesse qui l'entoure. Après les grands espaces ensoleillés et les places de village fort sympathiques, on va plonger jusqu'au bout de la nuit, une nuit glauque et violente où tous les coups (de freins ou de feu) sont permis. On sent que le Scott - il suffit de lire le titre, remarquez - tire ses dernières cartouches et qu'il risque plus de couler une bielle dans l'histoire que de finir sous le soleil nord-africain à se la couler douce. Un film d'une rare élégance, au charme vintage, à l'image de cette décapotable BMW qui date d'une époque où les bagnoles avec de la gueule, de vraies lignes (de conduite), du caractère. Encore un bon point pour Fleischer, décidément, dont je garde son Mandingo sous le coude : oui, oui ça va venir (Non, n'insistez pas, je ne me taperai pas Conan le Destructeur - je ne supporte pas la violence faite aux dromadaires)