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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
4 août 2014

Only Lovers left alive (2014) de Jim Jarmusch

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Je suis un fan absolu de Dead Man. Force est malheureusement de constater que le charme de Jarmusch a bien du mal à autant agir sur moi depuis une poignée de films. On ne peut lui reprocher de savoir planter des ambiances propres à lui : Tanger, Detroit, Swinton, Hiddleston, mêmes combats ; soit donc dans ces deux cités romantiques et délabrés deux dandys vampires déprimés et déprimants entourés d'objets vintage (on est pas chez Christophe Lambert, hein, on ne collectionne pas les beaux meubles et les cornemuses, là on est dans la culture de chez culture, nos deux héros étant entourés de vinyles, de bouquins, d'une vieille pile de magazines des Inrocks et de Rock et Folk en vrac dans un coin, de livres d'art, d'instruments de musique...). S'ils parviennent à reprendre un peu de couleur chaque fois qu'ils boivent leur petit gorgeon de sang non contaminé (ces cons d'humains, les zombies, même pas foutus de prendre soin de l'essentiel), ils ne sont guère jouasses pour autant. Swinton fera le voyage jusqu'à Detroit alors que Hiddleston est à deux doigts de se destroyer, justement... Ils seront rejoints pour un temps (un peu de sang neuf) par la pétillante Mia Wasikowska qui ne pense qu'à faire la bamboche et des conneries (ouah la charge sur la nouvelle génération aussi creuse qu'une méga teuf mise en scène par Harmony Korine) et devront réparer au final ses conneries. Cela poussera notre petit couple à revenir à Tanger... pour mourir ou renaître...

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On n'est pas dans le film à suspense, ni à rebondissement, on est bien dans du Jarmush pur jus, où l'on vit d'errance, où l'on écoute des morceaux de gratte pendant dix minutes, où les dialogues minimalistes sont parfois drôles (Mia, she sucks, eheh), où les personnages écrasés par le poids du monde et celui des ans ont tellement l'air de se faire chier que le spectateur ose à peine se plaindre (bah, ça ne dure que deux heures, ça va...)... C'est à la fois diablement poussif et terriblement coooooool (les personnages de Jarmusch sont définitivement coool, même John Hurt, 435 ans dans la vraie vie, est tellement zen qu'il finit par ressembler à une vieille branche d'arbre toute moussue) ; on apprécie forcément la musique - je dis forcément parce qu'elle est vite entêtante (quand tu écoutes pendant deux heures le même thème, ça marche), on applaudit à la beauté des cadres et des lumières, au choix du petit accessoire dans le décor qui fait trop staayyyyle, on serait presque prêt à trouver que notre couple (bla-)phare (ohoh) a un charisme qui flingue (même s'ils se la pètent un peu avec leurs lunettes de soleil de star vampirisée - ils ne nous prendraient pas, nous vulgaires zombies, un peu de haut, nan ?) mais le discours est tellement usé (putain de 21ème siècle tout pourri, c'était mieux il y a des siècles... à l'époque d'Eddie Cochrane - ouais Jarmusch a jamais connu Byron même s'il veut nous faire croire le contraire) qu'on ne peut s'empêcher de trouver le gars Jarmusch parfois un peu creux - oui, c'est bas. Oui, il a l'art de la nonchalance, de la cool attitude mâtinée de référence artistiques mais son périple americano-marocain vampirise aussi souvent d'ennui son spectateur. Je continue de flirter avec Jarmusch - en lui reconnaissant définitivement une patte - sans être vraiment totalement séduit ni amoureux (Jarmusch, c'était mieux avant - j'aime la mauvaise foi...)   (Shang - 21/02/14)

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Oui, non, c'est vrai que le film est tellement léger qu'on le soupçonne d'être franchement creux, et qu'on est très loin des grands Jarmusch (qui ne se situent pas tous "avant", non non non). Son style errant est ici poussé à l'extrême, et si on a droit du coup à un de ses films les plus beaux formellement, on a aussi droit à une tendance contemplative qui a du mal à cacher le vide : Jarmusch est tellement cool qu'il traite sa coolitude comme une fin en soi, sachant bien, matois, que c'est cet aspect qui a le plus marqué dans sa filmographie (remember Mystery Train). Contrairement à mon copain de bac à sable, je ne me suis pas ennuyé, ce film-là étant sûrement le plus directement narratif de son auteur (il se passe des tas de trucs, quand même), mais c'est vrai qu'on se retrouve un peu sur sa faim, et on cherche ce que le bougre a bien pu vouloir dire. Pas convaincu pour ma part que le "discours" soit celui vaguement amorcé sur la fin et relevé par mon collègue : l'irresponsabilité des hommes face à leur monde et à leur santé. Only Lovers left alive n'est pas un film écolo. J'y vois plutôt une variation sur l'amour fou, celui qui dure des siècles, ce que le statut de vampires immortels des personnages illustre joliment : plus que l'accumulation des objets, ce couple a amassé un amour dévorant l'un pour l'autre, et on commence le film dans une sorte d'apothéose de cet amour, puisque l'un des deux veut en finir avec la vie, et que l'autre veut le sauver.

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Du coup, une grande mélancolie émane du film, sentiment que Jarmusch traite depuis ses débuts ; vous pensez donc qu'il s'en sort particulièrement bien de ce côté-là. Shang l'a déjà dit, mais il faut insister : la sublime photo, la lenteur de la mise en scène, le thème musical épuré, les acteurs (tous excellents) dirigés vers la quasi-immobilité (ah le visage de Swinton, infimement changeant), tout ça contribue à plonger le spectateur dans un état hypnotique d'une grande douceur mais aussi d'une grande tristesse. C'est pas dénué d'humour, mais l'impression qui en reste est surtout celui d'un monde enfui, un monde de poésie et de beauté qui s'efface. Pourtant, dès que Jarmusch et ses personnages mettent le nez dehors, c'est magique. On retrouve cette façon spectaculaire et unique qu'a notre Jim de filmer les villes, tout en travellings, et c'est magnifique. Detroit, avec ses friches, ses théâtres devenus parkings, ses longues avenues désertes, ressemble à une ville-fantôme de western, avec en plus un côté hyper-urbain, hyper-contemporain ; Tanger, ville mythique de la drogue (le film parle aussi de ça) et des écrivains exilés, est montrée comme une légende, avec ses dangers et ses tentations. Les scènes en extérieur sont bien plus convaincantes que celles, un brin pompeuses et toc, en intérieur. Jarmusch convoque (pas toujours légèrement, c'est vrai) toute la mythologie du vampire, montrant ses villes, et par extension le monde d'aujourd'hui, comme l'étape finale d'une lente destruction : nos deux goules atterissent dans deux villes désertes, abandonnées, et vont finir là, comme représentants de la grandeur culturelle enfouie, leur existence... à moins que l'amûûûr... Au final, voilà un beau film creux, mais tout de même un film qui mérite le détour pour son romantisme désabusé et pour le savoir-faire du maître.   (Gols - 04/08/14)

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Commentaires
S
J'en ris d'avance eheh (tu te fais un cycle "vampire moderne" ?)
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S
J'ai parlé de film "écolo" ? Ah nan, point du tout my friend. Le "c'était mieux avant" est plus sur un plan cul-turel qu'environnemental, aucun doûte là dessus.
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B
La mise en scène , les acteurs et la musique ./ Et quelques scènes d'humour bien calées dans cette ballade peinarde sur le lac du coin ( c'est pas les rapides ) comme tout le passage avec la tite soeur ( super Mia vite éclipsée car elle mettait trop de vie dans cette léthargie qui vient foutre un peu l'ambiance , ffiouhh sinon je loupais la fin , dernière pose des deux goules cools avec canines à l'air , c'était la mord ( eheh ) ou la vie ) ou ceux où à dents ( re eheh ) va chercher sa dose à l'hôpital ( d'ailleurs si c'était pas un vampire , avec une dégaine pareille , ce serait forcément un camé ) Immersion difficile jusqu'au final réussie uniquement grâce aux trois éléments cités en intro car on a affaire à une longue et trop paisible histoire de suceurs de sang usés par le poids des siècles fuyant le sang contaminé et nostalgiques de ces temps où les zombies étaient de grands hommes ( étalage de références littéraires et musicales pompeuses à la longue ) C'est vrai que les moments où ils sont dehors sont les meilleurs ( sauf quand y a Mia où c'est bien dedans comme dehors surtout quand elle s'abreuve du mec qui te déniche n'importe quoi moyennant money , toujours une liasse plus épaisse qu'un annuaire car l'argent c'est pas un stress pour le goule suicidaire ) et que si on fait abstraction du discours pessimiste sur le cas du zombie au 21e siècle assez lourdingue mais pas complètement à côté de la plaque et des scènes à rallonge ( les coups de gratte , des dialogues creux , la visite des objets vintage ...) , on a des beaux moments mais ça suffit pas pour remplir le sachet de pop-corn . Heureusement qu' y avait marqué vampires , que l'affiche était jolie et que ça ressemblait pas à un nanar ( sans compter des acteurs excellents ) sinon le simple nom du réal m'aurait fait déguerpir .
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A
Vu mercredi, j'ai été un peu déçu et depuis je m'interroge pour savoir ce que j'en pense vraiment. Alors qu'il y a des films que j'apprécie sur le coup et dont il ne me reste plus rien trois jours après. <br /> <br /> C'est donc déjà ça de pris pour Jim, une sorte de rémanence. <br /> <br /> Et puis, tout à l'heure, lors d'une petite promenade dans ma campagne, en écoutant la BO et guettant l'animal sauvage dans les bois de l'autre côté de la rivière, j'y réfléchissais encore. <br /> <br /> Et en fait, j'irais bien le revoir. Même si je redoute que les prothèses capillaires de Swinton et Hiddleston soient une résistance encore très efficace à une immersion plus profonde dans ce film.
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G
Vous êtes dur là les gars... Je me suis pas ennuyé une seconde personnellement. Je sais pas où vous êtes allés chercher le soi-disant discours passéiste (le 21ème étant plutot bien accepté par les deux amants qui Skypent comme s'ils avaient fait ça toute leur vie), et au contraire je trouve pour le coup assez profond le fait que les deux aient ce regard un peu proche-mais-distant sur l'époque, comme pour souligner leur absence d'âge... Le côté romantique, la passion au ralenti, est très beau aussi. Et puis tout est toujours très cool et très drôle. Plutôt très content moi...
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