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21 décembre 2013

LIVRE : Docteur Sleep (Doctor Sleep) de Stephen King - 2013

81OrD0jwYzLAprès le mémorable 22/11/63, King continue dans son revival en grand écrivain, puisqu'il réussit presque aussi bien son Shining 2. Ambitieux (ne serait-ce que dans son projet, donner une suite à son livre le plus célèbre, et entrer presque en combat contre le film de Kubrick), marrant, très maîtrisé, et beaucoup plus profond que ce que son goût pour le genre peut laisser supposer, Docteur Sleep se dévore avec un plaisir d'enfant, celui qu'on avait en matant les VHS pourries de Halloween de ses potes abonnés à Canal+ au temps de l'adolescence acnéique : le plaisir coupable de l'interdit (je suis libraire, et lire King ne se fait pas), le plaisir de se faire peur avec de bonnes vieilles recettes de grand-mère, le plaisir de se laisser aller au bon vieux récit efficace à l'américaine.

Revoici notre rescapé Danny Torrance, toujours dôté du Shining (traduit "Don" en français, il fallait oser), mais accablé par un alcoolisme prégnant. Il va devoir, on s'en doute, lutter contre lui-même pour éradiquer cette tare, en l'occurence en aidant une jeune ado elle aussi apte aux super-pouvoirs à combattre une armée de vampires guère sympathiques qui veulent lui sucer le sang jusqu'à l'os. Il va devoir surtout faire table rase de son passé, de son père ricanant, de l'hôtel Overlook et des fantômes ruisselants dans les baignoires de luxe. Vaste ambition que King relate façon roman d'horreur autant que roman psychologique. C'est ça qui est le plus attachant là-dedans : le côté presque réaliste de la trame. Les réunions des Alcooliques Anonymes, la lente résilience de Danny, son combat intérieur, font les plus belles pages du roman. Avec ce point culminant placé dès le début du bouquin : la description glauque et minutieuse d'un lendemain de cuite, absolument parfaite dans sa précision et dans cette façon de s'enfoncer sans vergogne dans l'abject. On sent le poids du vécu, tout au long du livre, pour tout ce qui concerne la lutte du héros contre ses tendances, qu'elles soient alcooliques ou violentes, et ça ajoute une touche de véracité au sein d'un récit pourtant complètement voué au fantastique et au surnaturel.

Deuxième bon point : les ennemis, qui sont ce coup-ci de braves pépères tranquilles en camping-cars, qui sillonnent l'Amérique en respectant bien le code de la route... pour mieux cacher leurs activités de vampires sanguinaires et sans pitié (impressionnant chapitre de l'assassinat d'un ado). Il y aurait là comme une critique de ces petites communautés chaleureuses chères à King que ça m'étonnerait pas. Tout en restant fièrement ricain et bien-pensant, le gars nous montre en quelque sorte l'envers de son décorum habituel, en semant l'ambiguité dans ce qui habituellement est le plus rassurant chez lui : les valeurs nationales. Là aussi, ça rend l'ensemble inquiétant, presque nihiliste par endroits. Et puis de toute façon, il y a cette façon de raconter, cette efficacité à tout prix, qui fonctionne très bien. Ca peut fatiguer à la longue, ce savoir-faire technique qui vire à l'académisme (sa façon de rythmer ses phrases avec des mots en italique, ce schéma d'ensemble hyper-éprouvé, ces recettes utilisées 10000 fois), et ça empêche d'être vraiment surpris ; mais le fait est qu'on suit cette histoire rocambolesque avec fièvre et passion, et que ça marche à mort. King raconte droit et simple (adieu la complexité de 22/11/63, ses sinuosités incessantes), et on est plongé là-dedans avec autant de peur que d'amusement au coeur. Vraiment, King me séduit beaucoup ces derniers temps. J'ajouterai en guise de conclusion : Redrum.

Commentaires
G
Eh non, pas lu le livre de Ohl, m'a l'air pas mal du tout, effectivement.
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X
Ah? il me semble , au contraire, que c'est très chic, pour un libraire, de lire King et d'aimer ça. <br /> <br /> Et il a bien raison, or donc, le libraire.<br /> <br /> A propos de Redrum, avez-vous lu le Jean-Pierre Ohl ?<br /> <br /> Libraire lui aussi, cinéphile, et excellent écrivain.
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