Le Souffle de la Violence (The violent Men) (1955) de Rudolph Maté
Plaisant avec quelques éclairs de violence - quand ça shoote, on ne fait pas dans la dentelle -, ce western de Maté bénéficie de quelques pointures (Ford, Stanwyck, Robinson... dans des rôles guère originaux : le gentil tout mou qui se rebelle, la garce, le handicapé hargneux au bon coeur...) à défaut d'avoir un scénar qui sort vraiment du lot (déjà vu au moins trois quatre fois cette histoire de gros propriétaire tentant de prendre le contrôle de toute la vallée). Robinson en self made man boiteux s'est entouré d'hommes de main qui font régner la terreur pour avoir le monopole des terres ; son propre frère (Brian Keith, bas du front) dirige ces hommes (dont la ptite teigne Richard Jaeckel as Matlock, vrai pou qui se fera laminer par le Ford très colère) et, forcément, baisouille l'intrigante Stanwick dans dos de son frère. Robinson et Stanwyck ont une fille, forcément rebelle (la délicieuse Dianne Foster méchamment sexy avec ses gants en cuir...), qui aura tendance à tout faire pour calmer les choses - beau discours inspiré sur la fin pour que les hommes cessent de s'entretuer. Ford, lui, fait tout pour éviter la bagarre, prêt à abandonner ses terres et à partir en voyage de noces avec sa bougie (May Wynn, fantomatique...) mais comme on va le chercher (on abat lâchement un de ses hommes), on va bien finir par le trouver - ancien officier, notre homme a le sens de la stratégie...
On sent que tous les personnages sont bien en place mais il manque vraiment un ptit quelque chose pour que ce western très honnête parvienne vraiment à décoller ; Maté, fidèle au souffle de la violence qui traverse... ses films noirs, livre quelques meurtres de "cold blood" qui font froid dans le dos (le shérif abattu dans le dos, l'homme de Ford capturé au lasso comme un veau et descendu d'une balle dans la tête, Matlock qui fait le petit mariole et tombe de traviole...) : cela permet tout de même de nous secouer alors qu'on est un peu trop sur du velours au niveau du scénar... Stanwyck en bitch vénale ne sort pas le grand jeu mais bénéficie de deux scènes illustrant joliment son sens de la manipulation : lorsqu'elle passe dans le dos de Robinson, son mari, pour lui faire un genre de ptit massage, son visage prend la place du buste de Napoléon situé derrière - c'est bien elle qui tire les ficelles dans ce fort ; ensuite, lorsqu'elle finit par rejoindre Brian Keith après l'incendie de la maison de son mari (qu'elle abandonne comme une vraie salope pour le coup - les béquilles de Robinson lui en tombent des bras...), son visage exsangue et ses lèvres vermeilles soulignent tout le côté vampirique de son personnage... Elle ne parviendra point à s'en tirer à bon compte, eheh. Le seul couple sentimentalement explosif serait, on le sent bien dès le départ, entre Ford et Foster... Il y a malheureusement... le générique de fin qui intervient bêtement au moment où...
Des personnages principaux un peu en free lance, un Maté qui, a quelques exceptions près, peine à nous faire sentir la beauté de ses paysages - il se rattrape quelque peu avec les séquences "en groupe" (la bande à Keith ou la bande à Ford chevauchant) et la scène du troupeau lancé à pleine vitesse dans la nuit - et au final un western ben, juste plaisant (de bonne tenue, quoi, sans lyrisme excessif...) alors qu'il y avait un bon potentiel...