Moebius (2013) de Kim Ki-Duk
Vous n'êtes pas très fan des histoires de mutilation des parties génitales, de viol et d'inceste ? Vous êtes plutôt fleur bleue et continuez d'écouter Francis Cabrel en cachette ? Oui, prenez alors un chemin de traverse et ne vous aventurez pas sur le sentier sanglant ("sans gland" marcherait aussi d'ailleurs, désolé pour le piètre jeu de mot qui est venu tout seul...) du dernier opus de Kim Ki-Duk. On savait les cinéastes coréens férus de portrait de famille qui implose de l'intérieur. Kim Ki-Duk tente de réaliser le film ultime sur la chose... Considérez par exemple le photogramme ci-dessus : on pourrait croire qu'il s'agit d'un père qui essaie simplement de tuer son fils alors même que la mère l'en empêche - situation bien banale dans un film coréen qui se respecte. Eh bien c'est beaucoup plus tortin que cela en fait : le père essaie en fait de couper le pénis de son fils, un pénis qui lui appartint jadis. Ah, vous faites déjà moins les malins. Comment en est-on arrivé là, demanderont les plus curieux. La mère a coupé le pénis du fils après avoir surpris le pôpa commettant l'adultère (comme le père a résisté face à sa femme armée de ciseaux, cette dernière s'est vengée sur le fiston)... Le père, voyant son fils un peu court et pensif, s'est alors fait opérer pour que l'on greffe son propre appendice sur son fils - beau sens du sacrifice. Bah, je vois que certains continuent à faire la moue, ne trouvant là rien de bien étonnant - surement des lecteurs coréens. Le gros problème, quand même, c'est que maintenant le fils bande pour sa mère ; du coup le père, émasculé, trouve cette situation bien embarrassante et tente d'agir ; d'où cette petite séquence relativement peu commune, il faut le dire...
On peut avoir trois types de réaction par rapport au provocateur Kim Ki-Duk : soit vomir et quitter la salle au bout de quinze minutes ; soit se gaver de pop-corn en se marrant devant la noirceur et la violence gratuite de la chose ; soit rester un peu de bois en se demandant franchement si cela valait bien la peine... J'avoue me sentir plus proche du troisième type. Même si une séquence "à trois" peut faire écho au sublime Locataires (son dernier grand film - depuis, à mes yeux, c'est la chute...), l'ensemble du film est un peu vain et au ras du bitume (à l'image de cette scène très poétique et fine où un appendice mâle, détaché de son propriétaire, se fait bêtement écraser sur la route par un camion... Ca part en quéqu... ? Trop facile), comme si KKD cherchait encore à épater le bourgeois d'il y a 40 ans...
Alors oui, je sais, le fait d'avoir réalisé un film sans aucun dialogue est une vraie gageure (on est du coup franchement dans le côté animal de l'être : souffrance, jouissance, peur, torpeur...), la double prestation de Lee Eun-Woo (maîtresse de maison et... maîtresse) est assez bluffante (à la hauteur de sa poitrine dont je truffe gratuitement cet article) mais ce genre de réalisation "à l'arrache" (au cadre constamment tremblant) du cinéaste me laisse relativement pantois... et me semble franchement quasiment dénué d'intérêt. Outre l'aspect hautement pédagogique de la chose (comment jouir en se frottant le dessus pied jusqu'au sang avec une pierre ou en remuant un couteau-phallus littéralement planté dans le gras de l'épaule... Geuuh ? dirait Gols : c'est une réaction logique), vous ne manquerez pas grand-chose en ratant cette oeuvre du ohohoh gros provocateur KKD tellement en manque d'inspiration qu'il pioche ses scénars dans le caniveau des fais divers invraisemblables. Mouais.