La deuxième Femme (The second Woman) (1950) de James V. Kern
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le film noir sur Shangols en découvrant des auteurs aussi obscurs que ce Kern - d'origine bretonne, vu son goût pour les maisons en bord de falaise ? Robert Young, peu aimable, campe un type pour lequel la loi de Murphy n'a plus de secret : il a perdu sa femme dans un accident de voiture la veille de son mariage, la statue qu'il aime se casse pendant son absence, son cheval s'estropie dans sa stalle - il doit le tuer, sa peinture préférée s'efface progressivement, son chien tombe raide mort, son projet architectural est refusé car les plans intérieurs ont disparu, sa maison brûle... Franchement, il y aurait de quoi en vouloir à la terre entière. Cerise sur le gâteau, un docteur qui est dans son entourage n'arrête pas de le pourrir auprès des siens en proclamant qu'il est parano et dangereux (Ben mon salaud !)... Certes, si c'est lui-même qui s'inflige ces blessures, il s'agit là d'un parfait exemple d'homme aux idées noires flirtant avec le sado-masochisme ; sinon il y a indéniablement dans son entourage quelqu'un de particulièrement malveillant. Ou bien, ou bien le sort s'acharne vraiment de façon vicieuse, vi... Ça peut.
Robert est malheureusement un type relativement fermé qui dégage autant d'émotion que les croûtes de ma grand-tante (des bouquets de fleurs fanés) ; heureusement - tin-tin-tin -, une jeune femme (Betsy Drake, pas vraiment une beauté mais définitivement gentille...) décide de devenir son alliée et aide ce pauvre Caliméro qui ne demande rien à personne - mais euuuh. Cette série B possède son petit suspense (même s'il n'y a guère de scènes trépidantes - bel effet tout de même produit par cette ombre géante de Robert Young au seuil du manoir de Betsy, en train de tramer quelque chose de louche...) et des décors plutôt réussis (la maison moderne de Young exposé au vent et le manoir rassurant de Betsy). Après, il y a forcément la petite (la mini ?) touche romantique (ils s'embrassent avec la même passion que deux homards... faut dire, il est pas jouasse le Bob), la séquence "tu vas voir de quel bois je me chauffe" quand un certain Keith (John Sutton) tourne un peu trop autour de la Betsy (Eh tiens, prends cela dans le pif, félon - Ah Bob peut quand même avoir des réactions humaines, bien) mais il est clair que le gars Kern a moins révolutionné le genre que Hitch... Parfait pour un petit dimanche matin pas prétentieux alors même que notre cycle noir commence à avoir sacrément du plomb dans l'aile.
Noir c'est noir, là