Chers Voisins (The King is dead) de Rolf de Heer - 2012
Petit cycle cinéma australien la semaine dernière, avec de la rareté qui aurait dû rester rare, du premier degré à foison, du coucher de soleil sur l'horizon et du bon sentiments par quintaux. Y aurait-il de la concurrence vis-à-vis de l'Angleterre dans le grand concours du cinéma le moins bon de la planète ? C'était mon introduction.
Bon, commençons par le moins catastrophique de notre panorama : The King is dead est, hihihi, rigolo. Un couple de braves gens s'installe dans un quartier tranquille, mais déchante vite quand il s'aperçoit que les voisins sont des freaks punkoïdes et mongoliens, trafiquant de la drogue, écoutant du rap-core à fond l'enceinte de récup et tapant leurs gonzesses hystériques toutes les nuits. Comment se débarasser de ce génant voisinage tout en gardant sa bonne conscience de gauche qui nous incite à accepter la différence, c'est toute la question de cette comédie qui soulève au moins un lièvre à défaut de le poursuivre à travers champs. Le couple décrit est joliment dessiné, dans ses tares aussi bien que dans ses qualités : De Heer réussit particulièrement bien à filmer la complicité qui unit ces deux personnages gentiment déjantés. Il suffit que l'un d'eux échafaude une vague hypothèse improbable à base de projets irréalisables et complètement crétins, l'autre surenchérit aussitôt; c'est ça, l'amour, et finalement le film réussit bien à enregistrer ça, un couple qui s'aime, se comprend et vogue sur la même longeur d'onde. De Heer est aussi bien caustique quand il s'agit de fustiger les bons sentiments qui s'effondrent sous les coups de butoir de la réalité : l'ouverture d'esprit de nos héros quant au comportements des voisins ("ils sont intéressants") s'écroule vite sous la réalité (il faut dormir et éviter d'être cambriolé toutes les nuits), et ils devienennt presque aussi fermés que les demeurés d'à côté. Le scénario va même les amener à jouer le rôle de dealers crétins à leur tour, dans un retournement de situation qui les guettait depuis un moment.
On a fait le tour de ce qu'il y a de réussi dans ce film. Du côté des plantages, notons tout le reste. La bonne piste de départ (transformer des démocrates en réacs, en gros) ne dure que très peu de temps, et de Herr préfère se concentrer sur ses gags très poussifs qui traînent en longueur plutôt que de creuser la veine dangereuse de ce qu'il est en train de raconter. Le danger, parlons-en ; là aussi, à force de gros comique, le film passe à côté de la dangerosité de ses situations. On n'a pas peur pour les deux héros, les voisins ne sont pas assez terrifiants, les situations les plus tendues s'arrêtant à mi-chemin. La mise en scène, d'une platitude désespérante au mieux, d'une laideur terrible au pire (la photo, et surtout, grande tare du ciénma australien contemporain si j'en juge les quatre films que je viens de voir, la musique), ne sait jamais comment résoudre les invraisemblances de son scénario, et préfère botter en touche (la longue scène ni drôle ni tendue du cambriolage final). C'est 1000 fois trop long, jamais vraiment marrant, c'est juste gentil comme tout, propre comme un communiant, et gentiment amusant. On en retiendra ce portrait de couple assez réussi et ces deux acteurs pas mauvais.