Télé gaucho (2012) de Michel Leclerc
Michel Leclerc signe un nouveau film très gentillet qui oscille, au pire, entre Amélie Poulain (Clara, ce qu'elle aime, c'est jouer avec les jets d'eau...) et au mieux un discours ultra bien pensant de gauche molle. Ce qui surprend peut-être finalement le plus, dans cette histoire romantisée de Télé Bocal, c'est de voir dès le générique la présence de TF1 en tant que producteur. Alors que cette télé libre se doit d'être à l'extrème opposé de cette chaîne polissée et putassière, on se doute déjà que les attaques contre cet empire médiatique privé - incarné par une Emmanuelle Béart dont le sourire fait de plus en plus penser à celui du Joker de Batman - resteront très superficielles et guère frontales ; on ne se trompe guère et cela dit d'entrée de jeu toutes les limites de cet "hommage" à cette tentative télévisuelle libertaire qui prend vite des allures pseudo-révolutionnaires et pseudo-punk... Que reste-t-il ? Des acteurs qui semblent s'amuser comme des poissons dans l'eau (rapport au bocal) avec plus ou moins de maîtrise (aime bien Elmosnino, aime moins Forestier affreusement desservie par ce rôle de coconne autrefois réservé à Judith Godrèche) et des romances à deux balles un peu cucul (Elmosnino et Maïwenn ou l'amour vache, Forestier et le jeune Félix Moati ou l'amour je m'en foutiste). On regarde l'ensemble d'un oeil semi-amusé (ah ah la fin des années 90, ohoh ces méchants FN conspués, hihi ce côté bordélique et parfois inventif des émissions), semi-usé (l'autre oeil dort, pour couper court à tout jeu sur les mots) devant cette dénonciation très facile et plate des "adversaires" (TF1 = boîte à fric sans éthique, FN = intolérant = facho : super... rien de neuf sous le soleil). On se dit que le truc passera un dimanche soir en prime time sur TF1 et n'a aucun risque d'être considéré comme un pavé dans la mare ou de choquer le sympathique spectateur lambda... Télé Bocal pour petit poisson rouge de base.