Echec à la Gestapo (All through the Night) (1941) de Vincent Sherman
Je garde toujours un petit Bogart sous la main pour me rappeler le bon vieux temps des années 40 et 50 (« Rappelle-toi quand on s’est quittés sur le tarmac, il faisait nuit et il y avait un léger brouillard, etc… »). Bogie incarne comme bien souvent le leader d’une petite bande de bras-cassés : il mouille dans toutes sortes de paris dans le sport et semble beaucoup plus intéressé en ouvrant le journal pour regarder les résultats sportifs que l’actualité (1941 ? Oui, ça vous dit quelque chose quand même…). Seulement voilà, cette gentille petite série B va se transformer en film de propagande quand l’ami Bogart va croiser le chemin de l’éternel Peter Lorre ; je ne vous dis pas qui est le méchant et qui est le gentil, sachez juste que Peter Lorre soigne son entrée en flinguant froidement un vendeur de cheesecake et qu’il lui arrive de parler allemand… Au cours d’une folle nuit, le Bogie, à la recherche du tueur de son pote (le fameux vendeur de cheesecake) et sur les traces d’une femme (la racée Kaaren Verne) va croiser le chemin d’une organisation teutonne, autrement dit de la cinquième colonne. Le ton devient plus grave, Bogie se fait plus patriote et tente de réfléchir (Le père de la jeune femme est enfermé à Dachau ? Dachau ? Je connais pas ce quartier…) ce qui ne l’empêche pas de lâcher des craques à la moindre occasion à ses deux acolytes (c’est po toujours d’une grande finesse par rapport aux blacks ou aux femmes, mais que voulez-vous, c’est malheureusement un peu l’époque qui voulait ça : l’important était d’être mâle, brut de décoffrage et un peu concombre, l’intelligence ne se mesurait pas à l’aune de la tolérance).
Sujet sérieux - et un portrait d’Hitler qui se prend une hache dans la tronche -, ton plutôt bon enfant et décontracté même si le gars Bogie, pris entre 3 feux (la police à ses trousses, ces pro-nazis peu avenants, cette mystérieuse Kaaren : alliée ou traitresse ?) ne s’économise pas pour dénouer cet imbroglio (c’est le roi de l’échappée belle…). Nocturne (atmosphère de suspicion généralisée), nerveux par endroit (quand Bogie passe à l’action), guère glamour (no kiss, diable !), un Bogie de classe moyenne, donc une bonne petite soirée sans prétention…