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11 décembre 2012

LIVRE : Les Attaques de la Boulangerie (Pan-Ya Shugeki / Pan-Ya Saishugeki) d'Haruki Murakami - 1981 et 1985

les-attaques-de-la-boulangerie-3156222-250-400Encore une bonne affaire d'éditeur vénal : Les Attaques de la Boulangerie coûte 17 euros, et n'est constitué en fait que de deux courtes nouvelles du gars Haruki, dont l'une est déjà parue dans L'Elephant s'évapore... On te rajoute quelques illustrations bâclées, une jolie couverture cartonnée qui brille, on chante Jingle Bells et on fait tinter le tiroir-caisse. Parfois, il est bon d'être libraire, on peut lire des choses qu'on achèterait jamais.

Ceci dit, trêve de mauvaise humeur, c'est un vrai délice de retrouver le temps de ces quelques pages le Murakami qu'on adulât, celui des années 80, quand sa poésie si étrange en était encore au stade où elle nous surprenait. Ces deux textes sont assez bluffants d'imagination, et franchement on n'en voit aucun équivalent dans la littérature. Peut-être chez Kafka pour le côté étrange et presque surréaliste de la chose ? Peut-être chez Topor ou Queneau ? Bon, ne cherchons pas : Murakami ne ressemble qu'à lui-même, et on se laisse embraquer par ces histoires impossibles avec un délice total. Pourtant le compère nous raconte des choses bien peu captivantes : deux attaques successives de boulangerie, donc, les deux se terminant par le banal le plus trivial quand on attendait un livre de gangsters violent et plein d'aventures. On pourrait sous-titrer ces nouvelles "De l'importance d'aimer Wagner pour manger à sa faim", et "Des différences entre MacDo et une boulangerie", disons, pour résumer la trame. Mais ce qui importe là, bien sûr, ce n'est point la trame, mais le minuscule univers issu entièrement de l'imagination infinie de l'auteur, et qui vous prend dans son système pourtant iréel sans qu'on s'en rende compte. En deux phrases on se retrouve en phase avec ces personnages allumés, avec cet univers décalé (et pourtant jamais purement onirique : chez Murakami, on reste dans le concret, même quand on part à l'autre bout du cosmos), et on ne sait jamais comment il a fait. Un vrai grand plaisir de dix minutes environ, ça vaut bien 17 euros...

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