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18 octobre 2012

Corneille-Brecht de Jean-Marie Straub - 2009

uniquesobjets

26 minutes de pur bonheur (je me suis même tapé les trois versions différentes, pour être exhaustif, genre "ah ouais, elle a pas tout à fait le même chandail, là, la fille, si ?", pointu, quoi) où on assiste dans l'allégresse à une lecture à la table de deux des auteurs les plus poilants de l'histoire de la littérature : Horace et Othon de Corneille ("Rome, l'unique objet de mon ressentiment !") et Le Procès de Lucullus de Brecht, ahaha. Fidèle à son style baroque et festif, Straub filme donc en plan fixe une comédienne à l'intérieur d'un appartement. Pour le Corneille, elle est en contre-jour devant une fenêtre ouverte, et sa diction, rythmée par une gestuelle carrée, est d'une rigueur totale : on entend bien les alexandrins, ça, c'esy sûr, et même les fameux quatre accents du vers, la nature des rimes et les hémistiches de sa mère ; pour le sens, on repassera, la langue de Corneille n'étant visiblement utilisée ici que pour sa musicalité, sa scansion. Tant pis : c'est pas mal du tout de réécouter cette écriture rigoureuse et musicale, même si on a du mal à éviter le rictus de moquerie qui se dessine sur nos lèvres devant la solennité et le sérieux papal que tout ça dégage. C'est assez emmerdant aussi, hein, mais bon, on subit sans trop de dégat, en attendant avec l'impatience de rigueur le deuxième chapitre pour voir ce que ça va nous dire, tout ça, au final.

kiju

On a baillé à Corneille (rires), on s'endormira avec Bertold. Cette fois, la donzelle est dans un fauteuil, stylo et texte en main, et nous balance 20 minutes de Brecht d'un ton égal et morne. Le souci est qu'elle ne dit pas qui est qui, qu'elle lit toutes les répliques sans rien préciser des personnages. Ca serait trop simple, hein, le cinéma de Straub, c'est de l'effort, aussi. Du coup, on y comprend goutte, et ça vous tombe des yeux en moins de deux. Seul effet notable : à chaque nouvelle scène (enfin, je crois, j'ai rien compris, je vous ai dit), la nana change de chandail, et la lumière ambiante change itou. C'est moins long que les expériences de Warhol sur l'Empire State Building, mais ça doit avoir à voir avec ça, genre : le cinéma est un évènement à lui seul, le texte un autre, le texte sert à révéler, le cinéma filme la parole, ce genre de choses. D'accord. Il n'empêche qu'on passe un sale moment là devant. Mon odyssée straubienne est presque conclue, j'exige de l'admiration.

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

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