L'Impasse maudite (One Way Street) (1950) de Hugo Fregonese
James Mason incarne le Docteur Matson (mouais) et malgré son ptit air de ne pas y toucher est beaucoup plus futé qu’il n’y paraît. Ses voisins sont des voyous qui viennent juste de faire un casse (belle équipe de sales gueules avec Dan Duryea en chef et le ptit gros moustachu William Conrad en acolyte notamment) et notre bon Docteur va réussir un beau doublé : il soigne le William blessé par balle et donne un ptit cacheton à Dan pour un mal de tête lancinant ; en partant, il a à un bras la belle dulcinée du Dan (Marta Toren is the beautiful Laura) et à l’autre la sacoche avec tous les biffetons du hold-up : ah ouais Dan, le cacheton, c’était du poison, si tu veux l’antidote, je t’appelle dans une heure et demi au téléphone, allez sans rancune Gros… Plutôt gonflé mais ça marche, Ma(t)son prend même le temps de se fumer une ptite tige avec Laura avant de démarrer leur bagnole garée en face des gangsters… Il y aura forcément un os : un des mecs du casse s’est infiltré dans la voiture de nos deux tourtereaux ; ni une ni deux, Mason l’étrangle, le jette sur la chaussée, appelle les flics en disant qu’il s’est fait malencontreusement écraser (ro quel toupet James) et viva Mexico !!!!! Leur petit avion en route vers la capitale et loué pour l’occase va malheureusement avoir un problème mécanique et après une nuit en pleine cambrousse, nos deux héros vont se retrouver dans un petit village paradisiaque mexicain… Un film noir qui se transforme en romance dorée… Bah soyons patient…
La bonne idée de la chose, c’est qu’on sent bien que notre ami Mason ne peut pas s’en tirer à si bon compte ; on se demande simplement d’où viendra la menace… Ce pilote d’avion qui fait le coup de la panne, ce prêtre qui arrive de nulle part dans la pampa, ces deux banditos mexicains avec leur sombrero et leur pistolo, ce général mexicain moustachu trop affable pour être honnête, cette rêveuse Laura qui aura peut-être toujours du mal à se contenter de ce qu’elle a – une femme, oui - et qui va en faire baver des ronds de chapeau au James, Dan Duryea qui n’a pas dit son dernier mot (ah ouais, Gros, le poison, oublie), son acolyte au regard torve, sa conscience… ? Eh oui, cela en fait des motifs de préoccupation. Mais bah, le gars Mason creuse peu à peu son ptit trou, faisant durer l’idylle avec Laura, devenant le medecin man du coin (soignant hommes comme animaux) et mettant en colère la vieille sorcière du lieu (et si elle lui jetait un sort ?! Bah, soyons sérieux…). Mais notre homme, soudainement un poil tarabusté par son passé, aimerait bien repartir sur des bases saines : il ne va po ressusciter le type étranglé mais pourrait rendre simplement l’argent au Dan – et garder la donzelle – histoire d’être quitte… Le crime ne profite jamais, on le sait, l’argent ne fait pas le bonheur, of course, quant à l’amour, quand il devient évident, là, comme ça, un soir de pluie, en pleine rue, n’est-ce pas déjà trop tard ?… Ah chienne de fatalité… Un noir certes en mauvais état mais bien porté par un Mason en gentleman cambrioleur (plus de cœur que d’argent finalement) dont le serment d’Hippocrate l’empêche d’être un hypocrite (oui, je sais, j’ai déjà joué sur les deux mots auparavant). Dépaysant pour ne pas dire exotique avec un final qui sait nous prendre de court. A découvrir, parfaitement.