La Tueuse de Las Vegas (Highway Dragnet) (1954) de Nathan Juran
On écume un petit peu les fonds de tiroir des films noirs dernièrement, avec cette œuvre du grand Juran (? ouais, c’était pour rire) qui possède tout de même une jolie petite tête d’affiche : Richard Conte en G.I. de la guerre de Corée dans un rôle hitchcockien de «faux coupable » pourchassé (mais sait-on jamais… si on ne connaît point le malicieux titre français qui se fait un plaisir de flinguer tout suspense) entouré des charmantes Joan Bennett – photographe classy - et Wanda Hendrix – modèle pimpante. Cerise sur la gâteau, la présence de notre amie (depuis hier et la vision de The great Flamarion) Mary Beth Hughes dans le rôle toujours prisé – mais fugace - de l’aguicheuse de comptoir… assassinée. Tout accuse notre pauvre Richard qui accumule les problèmes (il a embrassé la fille devant tout le monde, a un alibi en béton pour avoir passé la soirée avec un pote… aux abonnés absents), se fait rapidement serrer par la police et parvient malgré tout à prendre la fuite (te met au pas les trois flics qui l’arrêtent en un tour de main)… Il se fait prendre en auto-stop par les deux donzelles en virée – il leur force certes un peu la main – et part à la recherche de son alibi dans un autre Etat (la Californie ♫…). Véritable traversée du désert au sens propre et figuré.
Une histoire, signée en partie par Roger Corman (première apparition nominale du grand Roger) et un peu tirée par les cheveux, disons-le, puisque la femme assassinée n’était autre que la maîtresse du mari de Joan Bennett… Ce qui fait d’elle une coupable possible, si vous me suivez. Si la Joan est très froide et méfiante envers Conte, la gâte Wenda peu farouche lui lance des regards forts avenants. Mais le Richard a d’autres chats à fouetter, avec tous les flics à ses trousses et la possibilité d’être reconnu par n’importe quel quidam dès lors que sa photo apparaît dans le journal. Une sorte de road-trip classique avec barrage de police fin guidon (Conte passant miraculeusement au travers), barrage de police forcé et chemins de traverse obligatoires sous le rude soleil californien…
On aura notre idylle obligatoire entre Richard et Wanda, un final relativement… euh… humide et original dans une ville mangée par la mer, et à défaut d’être vraiment passionné par la trame - restent les acteurs, vi - on s’intéresse aux boulettes de la script (Wanda se retrouve en plein désert avec une seule tenue – elle s’est enfuie à la va vite d’un hôtel en maillot de bain (Richard la prenant en otage avec Joan), prenant juste le temps de choper un manteau) : d’une séquence à l’autre le manteau est soit blanc, soit noir et cela fait po vraiment sérieux même si on a une fâcheuse tendance à reluquer son décolleté… Conte seul contre tous mais avec tout de même une alliée de choc va-t-il s’en sortir ? Au bout du désert, il y a l’eau claire, dit-il en tentant de conclure cette petite série B en forme de mini haïku.