Du Sang sur le Tapis vert (Backfire) (1950) de Vincent Sherman
Un petit noir qui se consomme tranquillou même si on est dans une construction narrative on ne peut plus classique : Bob Corey (Gordon MacRae) et Steve Connelly (Edmond O'Brien) sont deux vieux potes de l'armée ; peu de temps avant que Bob sorte enfin de l'hôpital, il reçoit une visite troublante d'une jeune femme lui annonçant que le gars Steve est dans une très fâcheuse posture - est-il sous le coup des médocs, a-t-il rêvé ou est-ce bien la réalité ? Le fait est que sitôt sorti, accompagné de la sémillante Virginia Mayo - son ex infirmière -, il va se mettre en quête de son pote. D'individu louche en individu borgne (un ancien gars de l'armée devenu croque-mort, une jeune femme pimpante (Sheila MacRae, la femme de...), un docteur po clair, un Chinois mourant, une veuve éplorée (Frances Robinson)...), de flash-back en flash-back (tous introduits "avec leurs gros sabots", genre, bon ben bougez po, je vais vous dire exactement ce qui s'est passé... En vrac, la nuit du crime, avant, pendant, après, un combat de boxe qui tourne mal et une soirée qui finit mieux pour le Steve, un sale accident etc, etc...), on essaie peu à peu de remonter jusqu'à Steve : est-il coupable d'un meurtre, a-t-il détourné de l'argent sale, est-il tombé amoureux de la femme qu'il ne fallait pas ? Bob Corey qui était censé se reposer après ses 13 opérations ne s'épargne point pour retrouver la trace de son poteau. Il aura la sale habitude de ne guère porter chance aux gens qu'il croisera, les cadavres s'amoncelant dans son retroviseur...
Sherman semble vouloir mettre une petite pincée de tout (amitié (Steve and Bob), amour (version tendre (Bob and Virginia) et version passion (Steve and la chanteuse charmante)), sombre histoire de mafia, enquête policière au (très) long cours...) comme s'il avait du mal à vraiment se focaliser sur un point. Il multiplie les personnages intermédiaires - ah gasp cette piste ne débouche sur rien mais grâce au nom de ce type mystérieux évoqué lors de la conversation, à cette adresse glanée sur une carte de visite ou ou encore à ce numéro de téléphone tombé du ciel, peut-être qu'on devrait aller faire une petite visite chez..., oui, viens Milou, tentons le coup... C'est un peu fastidieux à la longue. On comprend tout de même rapidos que le gars Lou Walsh semble détenir les clés de l'histoire : le proubloume c'est qu'il est justement introuvable. On prend alors plus ou moins son mal en patience en matant le casting féminin : Mayo en infirmière, mouais pas mal, Viveca Lindfors (mais si, une délicieuse suédoise aux lèvres pulpeuses) en chanteuse de charme "en français" s'il vous plaît est déjà beaucoup plus... euh motivante ou encore la chtite Sheila qui incarne à la perfection l'adage : "café bouillu, blondasse foutue"... Le final frôle le petit côté grand-guignolesque - mouais, je ne dis rien mais c'est difficile quand on a la Momie en tête de ne po se marrer - et ce même si l'action est ultra dramatique... - mais l'ensemble, sans être jamais transcendant, se regarde malgré tout assez plaisamment. Bon et puis le clebs joue super bien, c'est vrai aussi.