The Pretender (1947) de W. Lee Wilder
Tout le monde connaît les paroles de la chanson ("Oh yes, I'm the great pretender / Just laughing and gay like a clown / I seem to be what I'm not you see / I'm wearing my heart like a crown / Pretending that you're still around") ainsi que Billy Wilder. Bon, eh bien rien à voir avec cette petite série B chafouine produite par Republic et filmé par John Alton. Si le film n'est en rien un des chefs-d’œuvre du John (bel usage tout de même des ombres dans les intérieurs (à mesure que notre héros s'enferme dans sa paranoïa), gros plans joliment soignés...), l'intrigue plutôt chafouine demeure relativement efficace sur une heure (la durée du film, cela tombe bien). Le vieux Kenneth Holden (Albert Dekker et ses moustaches) est dans une mauvaise passe : la bourse plonge, pour payer ses dettes il pille dans les fonds de la chtite Claire Worthington sans lui dire (il est en charge apparemment de sa fortune) et quand il demande à la jeune femme de l'épouser, elle fait comprendre gentiment à celui qu'elle considère comme un père qu'elle a d'autres vues... Bref, ça va mal pour Albert. Pris à la gorge, il contacte un mafieux pour descendre celui qu'il présente comme le futur mari de la belle (sans donner de photo, ni de nom...). Mais voilà que deux coups du sort s'enchaînent : primo, Claire coupe les ponts avec son fiancé (trop occupé à sa clinique) et revient vers l'Albert pour qu'il se marie illico avec elle ; deuzio, le mafieux meurt assassiné et l'Albert se met à avoir terriblement les boules : il risque de devenir la cible du tueur engagé par le mafieux... C'est plutôt bêta comme imbroglio.
Alors que l'horizon semblait soudainement s'éclaircir pour Albert, il va s'assombrir de sa propre faute. Notre Albert vit constamment dans la peur (de se faire empoisonner par un serviteur ou de se faire descendre au coin de la rue) et commence à pourrir complètement de la vie de la pauvre Claire. Le plus couillon dans l'histoire, c'est que le mafieux, pour contacter Albert et préserver son anonymat, l'appelle par un faux nom et que le type qui a pris la suite du mafieux assassiné use également, dorénavant, d'un pseudo : du coup, les deux hommes, qui cherchent à entre en contact sont incapables de le faire... Albert ronge son frein et s'accroche de plus en plus à son flingue ; cerise sur le gâteau, Claire, inquiète pour son mari apparemment "malade", engage un homme pour le surveiller... L'Albert est pris à son propre piège : c'est ce qu'on appelle traditionnellement le retour de bâton... On ne peut pas dire que le film déborde de moyens et l'essentiel de l'action se passe en intérieur. Cela renforce du coup la dimension claustrophobique de l'histoire avec notre héros qui s'enferme de plus en plus dans ses fantasmes de meurtre (et puis, à qui s'en ouvrir quand on est soi-même à l'origine de la boulette ?...). Sympathoche ptite série B à la noirceur nourrie de causticité.