Le Puits (The Well) (1951) de Leo C. Popkin et Russell Rouse
Ça commence comme un épisode de La petite Maison dans la Prairie (oh la gentille petite fillette qui s'en va cueillir des fleurs et poum tombe dans le trou) et ça finit en grand barnum genre Ace in the Hole (sans la presse) pour tenter de sauver la fillette. Entre-temps on aura eu droit à une sorte de M inversé (le W du Well, ohoh) avec un homme (white) accusé à tort de pervertir les petites nenfants, à une lutte inter-raciale qui prend des proportions dantesques (le bout de chou est black et les rumeurs se répandent en ville comme une traînée de poudre) avant un bien bel élan de solidarité, histoire d'arrêter les conneries et tenter de sauver la bambinette. Film noir ou film avec des noirs - on pencherait plutôt en faveur de la deuxième option même si l'essentiel est de toute façon ailleurs : dénoncer les dangers des rumeurs qui virent en violence idiote (on a tôt fait de s'armer pour casser bêtement du blanc ou du noir) et montrer que les deux communautés ont tout intérêt à s'entendre pour s'en "sortir" (l'homme accusé au départ - le second couteau Harry Morgan -, spécialiste des mines, qui vient finalement prêter main forte à l'opération : le fait qu'il finisse avec le visage recouvert de terre noire n'est point dénué d'une douce ironie salvatrice).
Le shérif du coin, quand il a vent d'un éventuel coupable (le gars Morgan a été vu avec la chtite en train de lui offrir des fleurs), prend ses précautions pour que la nouvelle ne s'ébruite point. Peine perdue, chacun y va de son racontar et c'est le début de règlements de compte entre blancs et noirs ne reposant... sur rien. On frôle l’émeute généralisée capable de mettre toute la ville à feu et à sang, heureusement qu'un chien (eh ouais) alertant son tout jeune maître est le premier à flairer la chtite fille perdue au fond de son puits... Les entrepreneurs blancs du coin qui jusque là ne s'étaient pas distingués particulièrement pour leur finesse vont décider de mettre la main à la pâte pour sauver la gamine (l'un amenant son système radio, l'autre ses grues...). C'est parti pour vingt minutes d'un suspense insoutenable (oui, bon, j'en fais peut-être un peu beaucoup), une véritable course contre la montre pour tenter d'exhumer la fillette au fond du puits. Et puis... Une œuvre, dans la lignée de celles de Ford ou de Lang, qui montre tout le danger des mouvements incontrôlés de la foule, qui n'atteint sans doute point les sommets atteints par les deux cinéastes pré-cités mais qui nous donne notre lot de scènes illustrant la bêtise humaine (joli montage, très nerveux, qui démontre qu'une accusation dénuée de fond peut rapidement dégénérer en grosse baston) et d'émotion. Bon premier jet de Rouse épaulé par Popkin (producteur entre autres des solides Impact et D.O.A).