Le Traquenard (Trapped) (1949) de Richard Fleischer
On est dans la veine semi-réaliste de ces films noirs qui nous montrent au quotidien la vie de ses agents du Trésor américains, les fameux T.Men ; contrairement aux X-Men, les gars n'ont pas de super pouvoirs mais sont super joueurs pour coincer des ptits marioles qui s'amuseraient à fabriquer de la fausse monnaie. Jugez du peu : on trouve un faux billet, bien ; on va donc interroger un type en prison qui a mouillé dans différentes affaires de faussaires, ok ; le gars, même contre une éventuelle remise de peine, est muet comme une tombe pour livrer le nom d'anciens associés, forcément ; il fait, qui plus est, son ptit malin avec ses faux airs de Benoît Poelvoorde et on se dit que si Jack Bauer était là, il lui collerait une bonne baffe et l'autre finirait par livrer sa mère ; les T.Men sont beaucoup plus futés et vicieux : 1) lors d'un transfert, ils vont faire croire qu'il s'échappe - son complice est en fait un agent secret de la boîte : on trompe l'ennemi 2) l'agent secret fait mine d'être assommé par un chtit coup de poing de Poelvoorde qui prend ses jambes à son cou : tout cela n'est encore une fois qu'une mise en scène pour tromper Poelvoorde himself - bougrement malin 3) Le con se rend directos chez sa belle (plantureuse Barbara Payton) et commence à échafauder des plans pour recontacter une bande de faussaires : l'appart est sur écoute, la belle fréquente un ami se faisant lui-même passer pour un magouilleur : tu parles, c'est aussi un agent secret. Bref, en un mot, n'essaie pas de prendre les agents du gouvernement pour des jambons, ils ont tissé une telle toile que rien, nan rien de rien, ne peut leur échapper...
On apprécie le ptit côté didactique de la chose : visite de l'endroit où sont fabriqués les billets avec la présentation par le menu de la bande d'orfèvres en charge du bazar, présentation des différents départements du Trésor (service des douanes, des stups, des siiicrettes agents...) et mise en scène du barnum qui est monté pour serrer les suspects avec les preuves adéquates (un rendez-vous entre deux malfrats a été fixé dans une rue : le réparateur de bagnole est un agent secret, le boucher est un agent secret, le type qui fait mine de rien est un agent secret... Les gars sont partout). Ils n'ont peut-être que deux points faibles : l'un, c'est la conduite de bagnole (à la moindre petite poursuite musclée, ils plantent leur caisse dans un tournant...) ; l'autre c'est la rencontre imprévue en pleine opération : comment ça va Achille ? Ah vous faites erreur, moi c'est Régis. Mais nan Achille, rappelle-toi les parties de pétanque à Gruissan ? Ah non, vous faites erreur, monsieur. Et l'autre, à sa femme, bien fort : ah oui putain, c'est un agent secret du Trésor, j'ai dû le déranger en pleine opération. Cela peut forcément tout faire foirer. Bon, voilà, sorti de là, à la fin, tous les contrevenants à la loi finiront au panier... ou morts, c'est selon. Tout ça est bien gentil mais le film n'est pas, tant au niveau esthétique qu'au niveau de l'action, vraiment formi formidable. Une petite fin plutôt électrique, certes (ohoh) avec enfin quelques coups de feu et une chasse à l'homme dans une gare de tramways, mais rien de bien passionnant. Un traquenard, ce film ? Pas exactement, juste une pâle série B gentiment propagandiste.