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Shangols
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19 mars 2012

L'Enigme du Chicago Express (The narrow Margin) (1952) de Richard Fleischer

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La 4000ème de Shangols - ça file, diable - que l'on célèbre en fanfare avec l'un des grands classiques du film noir : The Narrow Margin est à deux doigts de la perfection, soit une marge ridicule (ou étroite, oui): une histoire de train comme on les aime (un clin d'oeil au passage à l'ami Bas**en, grand fan du genre), un flic droit dans ses bottes comme on les admire (Charles McGraw, la mâchoire serrée du parfait caïman), une brune vulgaire (géniale Marie Windsor, ta fumée de cigarette dans la gueule si tu pouvais éviter merci) et une blonde diaphane et innocente (Jacqueline White, son nom se porte caution) comme on les vénère, un petit twist final comme on aimerait le danser, un ton noir et méchamment ironique comme on les adore... C'est d'une efficacité redoutable - on monterait dans le train en en oubliant de composter son ticket - et l'on a droit, en prime, à de petits jeux de reflet, des cadres dans le cadre, absolument magnifiques, mettant superbement le récit en abîme : ne jamais prendre des vessies pour des lanternes...

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Charles McGraw a pour mission - et il l'accepte - de ramener, de Chicago à Los Angeles (déjà toute une "histoire" du film noir), un témoin crucial : la femme d'un gangster venant de se faire assassiner. Il est sérieux comme un pape mais perd dès le départ son fidèle partenaire : déjà qu'il souriait quand il se brûlait, il faudrait maintenant l'attaquer au lance-flamme pour qu'il se déride. Il se veut rusé comme une dinde (c'est rusé, une dinde, si vous enlevez les marrons) pour déjouer ses poursuivants, narrow_margin_movie_poster_1020198509mais pourrait bien finir en dindon de la farce ; d'autant qu'il a beau se la péter avec son flingue, mais dans le genre protecteur, on a sincérement vu mieux : certes, Marie Windsor porterait sur les nerfs d'un duc avec sa grande gueule et se la taper pendant tout le voyage n'est pas franchement au demeurant une sinécure. Mais on se dit, le plus simple, quand même, pour un flic, s'il veut la protéger, ce serait encore de rester tout le voyage, à ses côtés, dans le compartiment. Ben non, ce con de Charles ne cesse de faire des allées et venues dans les couloirs pour se chercher un sandwich ou taper la causette. Même elle se permet un moment de lui faire une réflexion plutôt judicieuse : pourquoi ne pas appeler le serveur en appuyant sur la sonnette et rester là, hein ? Nan, je préfère sortir, qu'il lui rétorque, pour jeter un oeil alentour... Dans une cabane au milieu du désert, je dis pas, mais dans un train, bon sang ? Mais bon, faut pas contrarier le Charles et ceux qui se proposeront de l'acheter tomberont sur un os : le type est IN-CO-RRU-PTI-BLEUX, mettez vous bien cela dans la tête. En garde du corps, par exemple, mieux vaut un bon Damart, je vous l'accorde. En dire plus sur le scénar serait flinguer l'histoire.

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Atmosphère forcément oppressante dans ces couloirs larges comme ma main - excellent le coup du gars obèse qui fait constamment bloc -, scènes de baston filmées à la mitraillette - la semelle de godasse dans la caméra a dû mettre out le caméraman pendant deux jours -, des dialogues nerveux et pointus (notamment les multiples altercations entre Charles et Marie : shut up !), des petites phrases qui résonnent (la Jacqueline au Charles, descendus à quai, à propos du paysage qui se brouille quand on est dans le train...) et surtout cette magnifique utilisation des vitres du train (la voiture des bandits qui file sur la route en parallèle comme une menace supplémentaire qui plane, l'utilisation de l'image reflétée du tueur lors d'une scène cruciale...) comme un jeu sur le double et les apparences qui prend finalement tout son sens. Et la turpide ironie de la chose... Charles McGraw, sûrement l'un des pires flics du cinoche américain quand on y songe, doit encore penser qu'il est le meilleur et on est de toute façon prêt à tout lui pardonner au bout de soixante-onze minutes sur un train d'enfer (4000ème jeu de mots pourri, olé). Quand je pense que le même Fleisher a fait Conan et Kalidor, les bras m'en tomberaient presque... On fera pas une odyssée tout de suite sur le Richard, hein partenaire ?  (Shang - 29/12/10)

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Rha, j'avoue être nettement moins fan que mon camarade de cette série B assez improbable, qui satisfait les yeux peut-être, mais qui au niverau du scénario est un grand n'importe quoi. Pour faire oublier les incohérences énormes d'icelui, il faudrait bien le brio d'un Hitchcock, c'est vrai (la fameuse théorie du McGuffin est ici inefficiente) ; Fleischer ne l'a pas, ce brio, et malgré son indéniable effort de mise en scène, il livre un film qui marche sur une patte. Le flic complètement naze dont parlait justement le Shang se double ici d'une bande de truands aussi dangereux que le yorkshire de mes voisins, et d'une vamp aussi fatale que le même. La voiture qui poursuit le train (mais pourquoi n'attend-elle pas à la gare, bon sang ?), la filature aussi discrète qu'une fanfare balte, les coups fourrés à deux balles du flic ("d'accord, monsieur le truand, vous me faites très peur, je vais vous donner la liste que vous cherchez, elle est dans l'armoire à pharmacie juste derrière vous", et l'autre qui marche), c'est même plus des bras-cassés, tous ces gens, c'est Melville chez Oui-Oui. Le scénario se vautre, et avec lui le rythme du film : même si pas mal de gras est enlevé (concision des scènes d'action et des dialogues), il en reste pas mal, et Fleischer n'a pas l'air de connaître l'art de l'ellipse. Si notre héros veut envoyer un télégramme, vous avez droit à l'attente au guichet, à l'écriture, au paiement, au bonjour madame, etc. Une p'tite coupe de temps en temps ne fait de mal à personne, Richard.

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Heureusement, il reste quelques beaux moments, dont a déjà parlé mon camarade. Il a oublié ce fondu-enchaîné, qui ne sert à rien mais reste spectaculaire, entre la fille qui se lime les ongles et les roues du train en pleine vitesse, ou ce noir et blanc intéressant, ou ces très beaux plans avec un personnage à deux centimètres de la caméra, en amorce, et la mise au point sur le second plan (ça prolonge la profondeur des couloirs du train, bel effet). Heureusement qu'il y a ça (qui ressemble cela dit à de la simple virtuosité sans vraie nécessité), parce que sinon tout, écriture, acteurs et montage, m'a semblé très cheap. On est d'accord pour pas attaquer tout de suite l'odyssée Fleischer, compère.   (Gols - 19/03/12)

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