Gallipoli (1981) de Peter Weir
Voilà presque vingt ans que mon prof en Histoire de l'Australie du XXème siècle (j'ai étudié des tonnes de choses qui m'ont servi plus tard dans la vraie vie...) nous avait conseillé ce film de Peter Weir (l'ami Gols n'a pas vraiment été tendre avec lui sur ses premiers films - presque comme s'il était anglais, c'est dire) qui revient donc sur cette bataille australienne en Turquie pendant la première Guerre Mondiale - une tuerie... On suit surtout dans un premier temps l'amitié qui se noue entre Mark Lee (blondinet qui se marre tout le temps) et Mel Gibson (déjà plus sombre) : ils viennent du fin fond de l'Australie et sont tous les deux amateurs de course à pied ; ils vont traverser ensemble un territoire totalement désert pour aller s’enrôler - l'Australien a le sens de l'honneur, Monsieur -, vont se retrouver en formation au pied des pyramides puis seront quasiment côte à côte dans les tranchées avant l'attaque de ces chiens de Turcs - qui se marrent comme des tordus devant ces Australiens qui chargent avec leur baïonnettes face à leurs mitraillettes (ils obéissent aux ordres des Anglais et on sent bien que le film remue quelques petits antagonismes entre les deux pays...). Bon mais ce film alors, justement ? Rah, je serai sûrement moins dur que mon poteau et suis prêt à reconnaître que Weir fait le taff en gèrant le petit côté fresque de cette histoire d'amitié ambulante ; l’éclectisme de la musique est, lui, sûrement plus discutable : si la course d'origine entre Lee et Gibson se passe sur une musique de... Jean-Michel Jarre (eh ouais, Oxygène dis donc !... Cela m'a fait repenser Aux Chariots de Feu et à la musique de Vangelis : est-ce que la musique de merde ferait courir plus vite ?, là est la question...), le ralliement en bateaux par les soldats australiens des côtes turques se fait sous... l'Adagio d'Albinoni qui revient d'ailleurs environ toutes les vingt minutes pour les moments po gais gais - un peu tarte à la crème, vi. Le passage finalement le plus réussi est peut-être cette traversée torride de cette partie désertique australienne (même pas un kangourou à se mettre sous la dent...) dont certaines images feraient presque penser à Gerry si on était gentil, mais on ne le sera point, par pure mauvaise foi. Vous allez me dire que cela correspond aux moments où Mel Gibson se tait, mais je ne relèverai point...
On ne peut pas dire sinon que Weir présente ses compatriotes toujours sous leurs meilleurs aspects - leur passage tapageur et un poil irrespectueux en Égypte - se rattrapant tout de même sur la fin en montrant toute leur cool attitude sur ses côtes turques - bombardé du matin au soir, l'Australien vaque à ses occupations comme si de rien n'était - et surtout leur cœur au combat... en pure perte : une terrible innocence en quelque sorte affreusement sacrifiée... A défaut de vraiment se passionner pour le récit, on suit gentiment les pérégrinations de nos deux jeunes gens qui nous font voir du pays : l'illustration de cette page historique et dramatique de l'Australie passe la barre, ouais, à défaut de nous prendre aux tripes - et ce malgré l'effort - un peu facile - de dramatisation "sur la ligne".