Murder is my Beat (1955) d'Edgar G. Ulmer
Ulmer est plus souvent capable du très moyen que du meilleur et ce Murder is my Beat appartient malheureusement à la première catégorie. Pâle série B aux allures de production télé (tout semble la plupart du temps filmé à plat) : les deux héroïnes ont beau tenter de montrer qu'elles portent le dernier coeur-croisé de Playtex (celui avec le bout des bonnets en forme d'ogive) et Ulmer essayer de varier les lieux (belle petite ballade dans la neige et sympathiques plans de locomotives (j'ai déjà oublié le reste)), cette enquête - malgré le flash-back initiale - est menée de façon terriblement linéaire et possède tellement peu de rebondissements qu'on finit par en oublier qu'on est dans un film noir (tiens une statuette reproduite en plusieurs exemplaires ?! Ne serait-on pas dans une adaptation des Aventures de Tintin ?...). Paul Langton est persuadé que la blonde Eden (!) (Barbara Payton) est accusée d'un meurtre qu'elle n'a po commis - elle a beau ne pas avoir inventer la poudre, lorsqu'elle aperçoit sur le quai d'une gare le type qu'elle est censée avoir assassiné, on voit bien qu'elle ne feint point... Prenant de gros risques professionnels, il décide de s'enfuir avec elle pour mener l'enquête. Les coupables potentiels dans cette affaire sont multiples - j'en compte maximum deux - : l'ancienne colocatrice d'Eden (Tracey Roberts : même poitrine avenante, une histoire de jalousie ?) ou le patron de cette usine de céramique qui a eu la bonne idée de laisser sur les lieux du crime une des statuettes qu'il fabrique (si c'est lui l'assassin, c'est vraiment une tanche... Bon, j'ai rien dit).
Paul Langton patine à mort (il trouve des biffetons dans une valise de Tracey, il se prend un coup de chevalière dans la pommette alors qu'il visite de nuit cette louche entreprise de céramique...), heureusement qu'il reçoit l'aide de son supérieur, qui, plutôt que de le coffrer, lui donne 24 h pour tirer le truc au clair (le suspens est insoutenable et lorsqu'à deux minutes de la fin le coupable lâche en trente secondes chrono tous les dessous de l'enquête, on trouve cela aussi con-con qu'une partie de Cluedo). Qu'est-ce que je pourrais sauver à part la séquence sous les flocons ? Ah si, beaucoup aimé la scène où l'inspecteur en chef, discutant avec Langton, se rase pendant cinq minutes (au bas mot) avec un rasoir électrique alors que le type - si ce n'est sa fine moustache - est aussi imberbe qu'un bol. Ça fait genre "trouvons un truc à faire pour se donner une contenance" : c'est plutôt malicieux en soi, sauf que là on voit bien tout le côté artificiel du bazar. Artificiel, cela convient d'ailleurs assez bien pour qualifier cette toute chtite série B d'Ulmer...