Une incroyable Histoire (The Window) (1949) de Ted Tetzlaff
Dans un vieux bâtiment new-yorkais ombrageux à souhait, les mésaventures de chtit Tommy (Bobby Driscoll "prêté par Walt Disney" : cela a dû le changer des histoires mièvres) qui, lors d'une nuit d'insomnie, va être témoin d'un meurtre chez ses voisins : tentant de dormir sur les escaliers d'évacuation pour échapper à la canicule, il va lorgner à travers la fenêtre du couple qui habite au dessus de chez lui ; la curiosité est un vilain défaut, vu qu'il va assister à une véritable scène d'horreur : un homme se faisant poignarder par une paire de ciseaux - même si la scène est en partie cachée, elle demeure suffisant édifiante... Le gamin ne va pas tarder à alerter ses parents. Seulement problème : comme il a coutume de raconter des histoires imaginaires (à force de crier au "loup", Esope n'est po oublié en intro), personne ne le croit... Il ose même se rendre à la police (belle idée que celle du chat fureteur qui rentre dans le commissariat et qui l'encourage à pénétrer lui-même dans cet antre) mais l'inspecteur en charge, même s'il est prêt à faire en catimini une ptite investigation, a tout autant de mal à croire en son histoire... Résultats des courses : non seulement ses parents le mettent de plus en plus en garde contre sa mythomanie (va t'excuser auprès des voisins en leur disant tout ce que tu racontes, oups...) mais surtout ses voisins deviennent de plus en plus méfiants envers ce ptit bonhomme : le mieux pour le faire taire serait encore de l'éliminer - Gosh...
Ce qui est fort de café dans l'histoire, c'est que plus le gamin se confie pour qu'on le protège, plus il se retrouve isolé et forcément en danger... A la suite de diverses circonstances, il se retrouve tout seul enfermé dans sa chambre - son père bosse, la mère est au chevet de l'oncle - et ses voisins d'attendre le moment opportun pour venir le cueillir dans sa cachette - terrible travelling vertical lorsqu'on voit le gamin à sa fenêtre regarder dans la rue pour assister, effondré, au départ de son père puis les voisins juste au dessus de lui, un sale sourire aux lèvres, faisant de même. On fait pipi dans sa culotte rien qu'en pensant à ce qui va suivre... Mais on a pas fini de vider sa vessie... Les Kellerson sont tout gentils en apparence (l'excellent Paul Stewart (sadique comme pas possible quand il aide le gamin à s'échapper de sa propre chambre, l'aidant secrètement, de l'autre côté de la porte, à rentrer en possession de la clé que le gamin tente, lui, de récupérer ingénieusement) et Ruth Roman peu à son avantage lorsqu'elle est filmée en plongée à travers les yeux du gamin). C'est ensuite une folle course-poursuite entre le gamin et ce sale couple qui va user de tous les moyens pour le faire taire (kidnapping, petit coup de poing subreptice dans un taxi pour l'assommer (affreux), tentative pour le faire chuter "accidentellement" du cinquième étage (horrible)...). Le suspense monte encore d'un cran quand la "chasse au gamin" s'opère dans la pénombre du bâtiment (magnifique jeu sur l'ombre et la lumière avec les stries des volets), un bâtiment décidément bien vermoulu (belle idée aussi que ce jeu sur le délabrement des lieux qui avait permis dans un premier temps au Kellerson de se sortir d'un mauvais pas lors de la première visite de l'inspecteur...).
Ted Tetzlaff (dont le dernier film en tant que directeur de la photographie fut Notorious d'Hitchcock - c'est pas rien) signe une œuvre prenante de bout en bout qui nous replonge dans nos angoisses d'enfance - sauf que là... Sauf que là, c'est pour de vrai, et notre bout de chou de devoir payer au prix fort à la fois son imagination (dur) et toute l'incrédulité de ses parents et... le côté éminemment vicelard de ses voisins - toujours se méfier des voisins... Beaucoup plus qu'une simple série B, la RKO produit là un incroyable et excellent film noir. Bien joué Ted.