The Hoodlum (1951) de Max Nosseck
On est dans la bonne vieille série B (Une production Monarch, ouah, royal !) calibrée sur une heure : on suit les pas de l'ami Lawrence Tierney (Joe Cabot dans Reservoir Dogs, c'est pas rien) qui avait déjà à l'époque une tronche qui n'inspirait pas vraiment confiance... Le type est en prison depuis cinq ans et personne n'a vraiment l'air pressé de le voir sortir. Il faut toute la force de conviction de la mater (...dolorosa "Mon fils, mon fils, rendi-moi mon fils !", "Dis donc ton fils, c'est po un sucre d'orge", "S'il vous plit..." - Lisa Golm est une mère mélodramatique à mort et ferait passer Marthe Villalonga pour un modèle de sobriété) pour que les responsables carcérales décident de le libérer sous parole. Il sera gentil, mon Vincent, promis, promis... Ils finissent par plier (bien aimé tout de même le directeur de la prison qui, juste avant de le libérer, fait faire au Vince une petite visite gratuite dans la salle où se trouve la chaise électrique : ça refroidit quand même...) Cela ne fait pas deux minutes qu'il est dehors qu'il tire déjà la gueule, salue à peine son brother Johnny (Edward Tierney, son true brother : si ça ce n'est pas un hasard dis donc !!!), renâcle à bosser dans la station service familiale (ptit con, marche) et... lorgne sur la pineco de Johnny, Rosa (Allene Roberts). Bref, on sent dès le départ qu'il va filer un mauvais coton et on place toute sa thune en pariant sur une fin brutale... Le Vince peine à se dérider mais parvient tout de même avec ses petits airs hautains à dragouiller une donzelle (Marjorie Riordan) qui travaille à la banque... Une banque qui se trouve d'ailleurs... juste en face du garage : arrrh, c'est tentant. Comme Vincent n'est pas du genre "exclusif", il commence à faire également le forcing sur Rosa... La chtite résiste mais... appelez les chiennes de garde par pitié... elle ne tarde point à plier sous les lourdes pattes du Vince... Elle pense qu'elle pourra refaire sa vie avec lui (et son enfant s'appellera Casimir, ouais) : elle va tomber enceinte, ne pas lui avouer, se faire jeter et se suicider en sautant du balcon - bref, on voit bien que le Vincent a plutôt une bonne influence sur les gens... C'est loin d'être fini au rayon des conneries, l'idée d'un ptit braquage le titille tous les jours...
Si jamais vous voulez vous lancer dans le grand banditisme, prenez des leçons avec Vincent Lubeck : d'abord choisir une belle brochette de bras-cassés qui ne vous respectent point (au revoir le magot); ensuite attaquer une demi-douzaine de convoyeurs de fond en disant, s'il vous plaît les gars, ne touchez pas votre gun (fusillade assurée) ; puis préparez sa fuite dans un véhicule des pompes funèbres et prendre les flics pour des cons (ça, ça peut marcher)... C'est, au final, le méga foirage et Vincent de se retrouver seul contre la terre entière : trouver refuge chez son amie banquière ? Il manque de se faire descendre... Pleurer dans les jupons de sa mère ? Elle lui balance tout ce qu'elle a sur le cœur et claque dans ses doigts (Vince dit le porte-bonheur")... Comptez sur son frère ? Et sur le Pape aussi ? Attends...
Max Nosseck n'a pas le budget pour faire dans le gras, gère ses transparences en fond d'écran avec les moyens du bord et livre un ptit polar brut de décoffrage qui repose avant tout sur le faciès fermé de sa star... La mère en fait des tonnes, le casting féminin n'a rien de vraiment fatal (trop tendre cette Rosa, franchement...), le frère est un peu psychorigide (il a certes des circonstances atténuantes vu ce que lui fait cet enfoiré de Vince) mais on ne s'attendait pas non plus à des personnages ultra-fouillés... Nosseck réussit honnêtement cette "chronique d'une rechute annoncée" (série B, série B : de Base oui...) avec une belle économie de moyens... Production "Monarch", c'est ça.