Echec au Hold-up (Appointment with Danger) (1951) de Lewis Allen
Alan Ladd est un pur et dur (misanthrope, sans coeur mais reconnu pour son efficacité), inspecteur chez les P.T.T. (Si, ça existe). A la suite du meurtre de l'un de ses collègues sur lequel il enquête, il va parvenir à infiltrer un gang, bande de saloupiots, qui projette de dérober la thune de la Poste... ("- J'ai trois millions en timbres, je fais quoi pour les dépenser ? - Ben achète des enveloppes déjà..." - Shang dit "la poilade"). Voilou pour le pitch.
Notre gars Alan, d'une efficacité redoutable quand il s'agit de remonter une piste, va croiser la route - on commence par le casting féminin, comme de bien entendu - d'une Religieuse, témoin du meurtre initial (Phyllis Calvert - c'est elle la femme fatale du bazar, ohoh ? On se calme les enfants, on n'est pas chez Almodovar) - et d'une blondasse qui traînasse avec le gang. Il va faire ami-ami avec celle-ci (c'est tout, ouarfff) et ami-ami plus plus avec celle-là sans avoir vraiment le temps de la pécho - même po un baiser, ça se joue à deux centimètres et demi mais nan... Inspecteur chez les facteurs, c'est pas forcément olé-olé qu'est-ce que vous croyez. Au rayon des hommes, on retrouve de bonnes tronchasses de malfrats réunis autour de Paul Stewart, en particulier le gars Harry Morgan avec des cernes ça comme et surtout l'excellent Jack Webb qui va se prendre en passant quelques jolis pains dans la face. Lewis Allen n'est pas rat en ce qui concerne la variété des endroits visités - les classiques : la salle de billard enfumée, les alentours des lignes de chemins de fer, un complexe industriel pour l'incontournable final lors duquel le suspense bat son plein avec notre gars Alan Ladd qui se retrouve dans de sales draps (ne lisez surtout pas le titre français pour ne pas... ah flûte, trop tard...) ou les plus inattendus : un couvent, donc, ou une salle de squash dans laquelle nos hommes frappent la balle à main nue ou, accessoirement, la tête de leur camarade de jeu...
Bon, vous ne me voyez peut-être pas ultra ultra emballé par la chose même si le récit demeure assez bien mené. On se demande un peu comment Alan Ladd, qui n'est pas du genre à mégoter sur les détails, parvient à se retrouver sur la fin autant dans la panade (les flics connaissent quasiment tous les détails de l'opération planifiée par le gang mais se montrent particulièrement inefficace au moment crucial - bah, cela ajoute une pincée de piment, c'est certes de bonne guerre) ; l'intérêt principal de cette œuvre d'Allen semble être l'évolution du gars Alan, type ultra froid, qui, sous l'influence notamment de la Sœur Augustine, qui a piqué son prénom à ma grand-mère, va progressivement "s'humaniser" - mais ouais, Alan, tu vas finir un jour par être "qualifié pour faire partie de la race humaine" ; est-ce vraiment une bonne nouvelle en soi, cela est un autre problème... Le film noir préféré des nonnes et des facteurs, ce n'est tout de même pas rien.