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11 janvier 2012

La Vie au Ranch (2010) de Sophie Letourneur

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Un film sur les djeuns de notre temps, entre picole, discutes à deux boules et picole. L'idée de nous immerger parmi ces jeunes filles de vingt ans n'est pas forcément mauvaise en soi, et tout le talent de Sophie Letourneur est de nous faire oublier la plupart du temps sa caméra. Les répliques fusent avec spontanéité, ça sautille dans tous les sens dès qu'on a un petit coup dans le nez (ou non d'ailleurs), ça pleurniche et ça s'épanche à la moindre rupture, ça balance grave sur la tenue d'untel quand on a décidé d'être lourd... L'ambiance entre ces jeunes filles est toujours d'une légèreté absolue et tranche en particulier avec la discussion sérieuse et chiante à mourir entre deux mecs poseurs sur le cinéma asiatique (de quoi te dégoûter à vie de voir un film de Hong Sang-Soo ou de Wong Kar Wai) ; c'est un parti pris évident et la trame d'être tout aussi fine : il est question grosso modo des relations entre la bordélique Pam (une sous Jeanne Balibar, sans être méchant) et sa colloc, la sérieuse Manon, avec laquelle elle finit par se fâcher lors de vacances en Auvergne... Il est sinon question, lors de ces soirées qu'elles passent entres amies généralement, de fringues, de mecs, et de po grand-chose en fait... On pourrait d'ailleurs, en étant un peu acerbe, avoir tendance à souligner la vacuité du fond : je me suis d'ailleurs demandé si ces filles avaient réellement vingt ans ou quatorze (mais je me fais vieux, le décalage générationnel a dû commencer à attaquer mon cerveau...). Mais bon, c'est un portrait d'une jeunesse (friquée et superficielle) qui en vaut sûrement une autre... Dans un bon jour, on finirait par conclure que Letourneur parvient à nous transmettre toute l'énergie brute de pomme de ce groupe de donzelles ; dans un mauvais, on ne pourrait s'empêcher de reconnaître que les petits problèmes de ces jeunes filles bobos, on s'en tape un peu - machine me parle plus pasque qu'elle s'est rapprochée de machine... Mouais... Je vous le dis, moi, quand ma machine à laver tombe en panne ? Hein, nan, alors un peu de pudeur, mesdemoiselles. Beaucoup d'énergie qui a malheureusement tendance à tourner un peu à vide...   (Shang - 10/05/11)

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Tout à fait d'accord avec mon camarade de jeu, et sur les nombreuses qualités de la chose, et sur ses défauts indéniables. Je ne peux que répéter que le naturel et la direction doillonesque des acteurs sont tout simplement remarquables, et qu'on n'a jamais l'impression de voir des comédiens travailler : il y a un côté quasi-documentaire dans cette immersion en milieu d'jeuns, un peu comme un reportage de l'extrême qui prendrait place en plein Paris bobo. On se dit alors que, pour une fois qu'un cinéaste parvient à parler de la jeunesse telle qu'elle est, on serait mal venu de faire la fine bouche sur les défauts de la chose. Certes, Letourneur n'a ni trame ni discours, et se contente de nous montrer une tranche de vie, une strate de la société, sans que cela ne "serve" à quoi que ce soit (quelle horreur) ; mais franchement, tant pis, tant le film est magique dans sa restitution de la jeunesse moderne. Où peut-on voir, à part ici, des jeunes filles se bourrer la gueule, pisser entre deux bagnoles ou sauter sur le premier mec venu en gloussant ? Letourneur touche la vérité pure (camarade Shang, il faut que tu re-fréquentes la jeunesse française de 20 ans, tu verras comme le portrait est juste), et ça suffit amplement à notre bonheur. D'autant que ça va tout de même un peu plus loin que ça, le film se retournant comme un gant dans ses 20 dernières minutes : alors qu'on vient d'assister à une bonne heure de piaillements, de minauderies, d'énervements féminins et autres fiestas bruyantes, on tombe subitement, dès lors que l'histoire se déplace dans la campagne, dans un ton beaucoup plus sombre, qui pourrait bien annoncer un sujet enfin plus grave : la perte de l'amitié, qui va de paire avec la perte de son enfance, passage douloureux et sérieux que Letourneur filme avec une vraie douleur (la lassitude qui gagne les corps jusqu'ici très énergique de ces jeunes filles, la séparation qui sonne comme la fin de la fête). Bon, c'est pas fulgurant, je vous l'accorde, mais tout de même : on sent qu'il y a derrière cette effervescence incontrôlable une jeune fille tourmentée et pas si superficielle que ça. Dont acte. Bien beau film, en tout cas.   (Gols - 11/01/12)

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