Angoisse dans la Nuit (Fear in the Night) (1947) de Maxwell Shane
On est dans la série B de chez série B - po de budget, des acteurs qui ne sont pas vraiment des gros calibres... - avec cette adaptation d'une nouvelle de William Irish par le gars Shane Maxwell. Ce n'est point pour autant que le début, notamment, possède un véritable charme : le film ouvre sur un cauchemar relativement glauque, bunuelien avant la lettre : une pièce couverte de miroirs, une femme debout, un homme trifouillant un coffre et notre héros - DeForest Kelley qui fera les beaux jours de Star Trek en Dr McCoy ! - d'y faire soudainement intrusion ! Une lutte, un meurtre, une clé lynchienne récupérée au passage et wakee wakee... Le problème c'est que notre gars a des marques de contusion au réveil et se retrouve en possession de la clé... Fallait pas abuser des chihuahuas (le cocktail, pas les chiens, on s'entend), fils ! Il est troublé et on le serait à moins... Il va aller voir son beauf - un flic - qui va décider de mettre notre homme au vert le temps d'un week-end avec leur pinco respective, histoire que le gars reprenne ses esprits. Ambiance champêtre mais un éclair déchire le ciel, mon Dieu ! Nos quatre clampins trouvent refuge dans une demeure à proximité, suite aux indications de Kelley qui a de vagues souvenirs de l'endroit (tiens, tiens...); la demeure est vide mais il trouve la clé de la porte et il ne tarde pas à découvrir la fameuse pièce aux miroirs. Il y a du sang sur les murs (hum, hum)... Un inspecteur fait irruption dans la baraque - ben, faut po vous gêner les gars - et leur apprend qu'un double meurtre y a été commis quelques jours plus tôt... Ça alors !
La résolution du bazar est forcément décevante mais on se plaît tout de même à suivre notre Dr McCoy qui enquille les évanouissements - décidément, un héros hors du temps qui ne dépareillerait point dans un film au XVIIIème siècle - et les tentatives de suicide ("ouah, j'en ai marre, je comprends rien et tout le monde me croit fou"... Jolie petite scène sur le bord de fenêtre d'un hôtel avec ce chapeau qui tombe dans le vide : notre homme aussi travaille du chapeau - Shang, humoriste)). Oui, c'est cheap, c'est monté parfois de traviole mais ce doute qui assaille notre homme (suis-je un criminel, même potentiellement, délire-je ?) demeure assez bien rendu. Shane Maxwell, plus connu comme scénariste du genre, fera lui-même un remake du truc en 56 (Nightmare) avec le pin's Edgar G. Robinson - bien sûr que je vous tiendrai au courant de la chose, allons...). Atmosphère, atmosphère avec, oui, un vrai ptit soupçon d'angoisse.