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Shangols
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2 février 2014

La Découverte d'un Secret (Schloss Vogelöd) (1921) de Friedrich Wilhelm Murnau

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Le titre anglais fait allusion à un château hanté et on pouvait s'attendre au demeurant à une sombre demeure bourgeoise où il y a dans les coins des trucs qui feraient schmurk ou bouhhhhh et des gens qui alors qu'ils se rendaient aux toilettes la nuit pousseraient des arrrrrrrggghhh horrifiés, au moins avec les yeux vu qu'on est quand même encore dans du bon vieux muet. Que nenni, il nous faut rapidement déchanter, on aura en tout et pour tout que l'image d'un cauchemar avec l'immense main de Gols, point rasé, qui s'immisce dans le cadre via une fenêtre pour tirer de son lit un individu tout peureux - ah ben nan, c'était point vrai, ah que ouf. L'intrigue de Schloss Vogelöd se concentre en fait autour de la résolution d'un meurtre qu'Hercule Poirot résoudrait avant même le deuxième de couverture : on voit la tête du présumé coupable et comme on reconnaît la tronche de Philippe Khorsand, nos soupçons s'éloignent très rapidement ; par exemple quand on voit celle du chtit gars dans son coin qui parle po et qui détourne le regard même face à une mouche, forcément là, ça fait cling, cling dans notre ptite tête : toi, t'es po clair mon agneau. Quant au subterfuge pour démasquer le vrai coupable, on le voit également venir de très très loin et on ne peut donc pas dire qu'à ce niveau-là, le scénar, ce Murnau soit franchement passionnant.

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Bien dommage parce que dès les premières images, on est sous le charme de cette demeure - jolie maquette - sous la pluie et de ces multiples invités dans le manoir (qui passent leur temps à cloper, ne pouvant se lancer dans leur partie de chasse) qui m'ont paru se mouvoir avec un certain naturel pour l'époque - 1921 tout de même, ma grand-mère avait 9 ans. On sent que Murnau ne veut point faire œuvre statique et les expressions du visage des acteurs de ne jamais sembler qui plus est trop "exacerbées" - si ce n'est peut-être le personnage du "type anxieux" qui semble retenir, du début à la fin, une dangereuse flatulence ou, sur la fin, le personnage de la Comtesse Safferstätt interprétée par Olga Tschechowa qui en fait un peu des tonnes pour jouer les "spectres sous transe qui craquent" - elle détient un secret super lourd, et une fois qu'elle le lâche elle paraît vidée comme une douzaine d'huîtres après un soir de Réveillon... En fait, je crois que je me suis surtout concentré tout du long sur l'utilisation par le gars Friedrich des décors, de l'espace (joli plan que celui sur la fin de la Comtesse face au Comte, placés chacun à un extrême de l'écran dans une immense pièce, une fois que la messe est dite) ainsi que sur les portes du décor - vous allez peut-être pas me croire, mais il y a de bien jolies portes dans cette œuvre, mais c'est vraiment une truc réservé pour les esthètes ou les ébénistes... Au delà de ça, même si l'on peut aussi au passage admirer la sublime restauration de ces vieilles bobines (thanks to Eureka this time) et les magnifiques teintes du film, on reste quand même un peu sur sa faim. Loin d'être au niveau des grands classiques, c'est indéniable.   (Shang - 13/09/11)

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C'est vrai qu'à part dans la gestion de l'espace, on cherchera un peu en vain le génie du Friedrich dans ce polar assez poussif.  Mais ma foi, c'est tellement réussi de ce côté-là que ça peut suffire au plaisir de la chose : la composition des cadres, et la disposition des personnages dans ceux-ci, évoquent immédiatement un échiquier, ce qui colle bien avec l'aspect "machiavélique" de la trame. Mathématiquement, Friedrich dispose ses corps dans l'espace pour les rendre les plus signifiants possible, et il suffit de regarder comment tel est mis au centre des conversations ou tel autre se morfond à l'écart pour deviner leur rôle dans cette sombre histoire de faux coupable. La demeure, aussi photogénique depuis l'extérieur (splendide maquette en effet) qu'à l'intérieur, avec ces escaliers gigantesques, ces salons vides et ces corridors dotés de perspective de folaille, sert parfaitement l'ambition visuelle de Murnau. Peu importe alors ce qu'on nous raconte : l'habillage suffit. Heureusement qu'il y a ça, parce que sinon Friedrich fait preuve de bien peu d'esprit dans les autres postes : au niveau du rythme par exemple, il montre une nouvelle fois qu'il n'est décidément pas le champion de l'ellipse. Si un personnage descend deux étages par l'escalier et sort par une porte au premier plan, on a droit à la séquence en entier, et ce 7 ou 8 fois dans le film, soit environ 18 minutes de métrage consacrées uniquement à ces plans qui chez n'importe qui d'autre auraient été consédérés comme des plans de transitions. La direction d'acteurs est elle aussi très fluctuante (la Olga Tschechowa allumée comme un cierge ou Paul Hartmann et son faux crâne qui fait des plis), le scénario n'est pas passionnant.

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Seules se dégagent les deux séquences de rêve. Celle que mentionne mon gars Shang est la meilleure (nan, c'est pas avec ma main que j'ai fait cette scène) ; mais bien aimé aussi celle où un petit mitron se venge sur son chef sadique : on y découvre un Murnau... comique !, ce qui n'est pas le premier qualificatif qu'on peut lui accorder. Chez Lubitsch, cette scène en contrepoint, légère et lumineuse, n'aurait pas dépareillé. Ici, elle est d'autant plus jolie qu'elle ne sert à rien dans l'histoire, et qu'elle n'est là que pour apporter une respiration taquine à la lourdeur étouffante du reste du film. Rien de génial, mais c'est appréciable. A part ça, non, pas le meilleur FWM, c'est évident.   (Gols - 02/02/14)

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