Contre toi (2011) de Lola Doillon
Honnête tentative de huis-clos de la fille Doillon qui tourne quand même un peu court. Christine Scott Thomas incarne une éternelle femme solitaire avec ses grands yeux tristes à mourir (j'ai le rôle d'une femme qui s'est faite violer puis qui a fait de la prison avant de voir son enfant mourir sous yeux - téléphone à Christine) et qui se fait cette fois-ci sottement kidnapper alors qu'elle rentrait pépère chez elle. Elle se retrouve entre les quatre murs d'un appart avec un jeune homme ultra fougueux qui semble autant la haïr que son propre coiffeur : c'est le gars Pio Marmaï qui fait tout ce qu'il peut pour paraître achement méchant - personnellement il m'a plutôt fait marrer, mais je peux être parfois d'une terrible mauvaise foi. La pauvre Christine a le regard tout perdu, est toute apeurée, mais keske j'ai fait, mais keski me veut à moi qui n'ai jamais fait de mal à une éponge et qui mène une vie triste à mourir : enfin bon quoi, regardez ma mine constamment abattue, mon regard gris bleu dans lequel je me noie, mon physique de femme normale... On prend son mal en patience en attendant que Pio finisse ses bières (Heineken) et se mette à lâcher l'info : eh ben ma vieille, t'es le docteur qui est responsable de la mort de ma femme quand elle a accouché, voilà !!!! Non mais ! ; Mais il n'y a pas eu d'erreurs médicales !!!?? ; je sais bien mais dis donc d'abord je fais ce que je veux... Les relations ultra tendues du départ se calment et chacun de faire un effort pour tenter de comprendre l'état d'esprit de l'autre - ouais être kidnappé, c'est po cool quand même, ouais avoir bêtement perdu sa femme c'est po cool non plus, attends, clair. Les petits plateaux repas que le Pio apporte s'améliorent de jour en jour et on se dit que tout cela va finir par un dîner aux chandelles à Stockholm - ouais, le fameux coup du syndrome... C'est à ce moment-là que le film part un peu en sucette et on se dit sans vouloir être méchant que nos amis scénaristes français ont quand même des idées qui ne volent pas très haut... Même si la Christine, qui n'est pas tombée de la dernière pluie, garde un ultime twist (...) dans son sac, on sort de ce film en reprenant l'expression impitoyable de ma femme : "mouais, nan c'est pas que c'est totalement... mais enfin c'est quand même loin d'être..." - mouais, entièrement d'accord et bon sang de bois cela ne m'avance guère dans ma programmation cinoche d'octobre... Rude.