Murderer (Saat yan Faan) de Chow Hin Yeung Roy - 2005
Ben voilà, bête erreur, je voulais voir le film de Hong-Jin Na, et je me suis fadé celui de Chow Hin Yeung Roy, qui porte le même titre. Résultat : consternation et désolation. Qui n'excluent pas une certaine fierté d'être tombé sur une sorte de Navet Ultime, un étalon du genre qui allierait en 2 heures tout ce qu'il ne faut pas faire au cinéma. C'est pourtant au niveau du scénario que Murderer est le plus consternant. Je vais vous balancer le twist, histoire que vous compreniez bien ce que je veux dire, et pour vous éviter de regarder ce film, aussi : un flic qui a perdu la mémoire est impliqué dans une série de meurtres à la perceuse électrique ; au fur et à mesure qu'il enquête, il se rend compte qu'il pourrait bien être lui-même le coupable de ces meurtres. Mais dans la dernière demi-heure, non, point, on apprend qu'on a été berné, qu'il n'est pas l'assassin, ni non plus sa femme, sa soeur ou l'ensemble de ses collègues qu'on soupçonne tour à tour. Le coupable c'est... son fils de 5 ans (joué par un acteur qui ressemble au nain de La Croisière s'amuse, mais avec des lunettes), qui est en fait un de ses voisins d'enfance victime d'une maladie génétique qui l'empêche de vieillir, et qui, pour se venger de sévices subits par le passé, s'est arrangé pour se faire adopter par le flic, passer pour un marmot, s'associer avec un débile mental et tuer tout le monde. On le voit, c'est un grand n'importe quoi, qui vous laisse vraiment sur le cul tant c'est improbable ; on imagine mal une équipe de cinéma adhérer à ce scénario, et dire amen à la scène de révélation qui est ce que j'ai vu de pire au cinéma depuis les films de Mocky : quelques plans fixes sur ce faux môme doublé à l'emporte-pièce qui balance sa confession sans ciller, face à un flic effaré et sérieux comme un pape. Un peu comme si David Lynch avait prêté un nain pour filmer un scénar de Bernard Werber, genre. Après ce coup de théâtre, la fin du film est absolument extra-terrestre, allant d'invraissemblances en absurdités tout en restant convaincue de son bien-fondé et de son sérieux. Voir ce petit nain faire la planche en sifflotant alors que le flic pense l'avoir noyé rappelle franchement les grandes heures de Tex Avery, alors que Chow croit visiblement réaliser Shining.
La première heure, ceci dit, est presque regardable, grâce à un certain sens du gore agréable (la première scène est trash) et à une intrigue qu'on suit gentiment. Mais gâchée par une interprétation impossible (Aaron Kwok ferait passer Jim Carrey pour l'inspecteur Derrick), par un montage effarant de maladresse et par des effets de caméra rocambolesques et inutiles, elle prend elle aussi des allures de parcours du combattant. On finit par ne plus voir que les défauts (qui vont de la musique affreuse aux figurants, mauvais comme des cochons), on ricane à qui mieux mieux en se disant qu'on a droit à un vrai film culte, on passe un moment de huitième degré plutôt sympa, mais on se dit qu'on aurait autant aimé passer ces deux heures à des activités plus saines (par exemple, aller au cinéma). Méfiez-vous des contrefaçons, et apprenez à lire les titres en coréen.