The great white Silence (1924) de Herbert G. Ponting
Herbert G. Ponting a suivi et filmé l'expédition (tragique) du capitaine Scott en route vers le Pôle Sud en 1910. Après avoir filmé la longue - et mouvementée - traversée à partir de la Nouvelle Zélande, Ponting filme la mise en place de l'expédition et se régale à filmer la vie sauvage (tout ce que vous avez voulu savoir sur la vie des phoques, des pingouins et des mouettes il y a une centaine d'années - nan, cela n'a pas radicalement changé depuis, si ce n'est que les loyers ont augmenté à cause de la fonte des glaces). Il tente de recréer ensuite à partir du journal de Scott l'expédition conduite par celui-ci vers le pôle sud : les cinq gars se firent non seulement doubler par l'équipe norvégienne menée par Amundsen, mais ne parvinrent pas ensuite à rallier leur camp - d'où l'aspect tragique... Louons tout d'abord l'exceptionnel travail de restauration dont ce film a été l'objet : dès les premières images, on est complètement happé par la beauté de chaque plan, s'extasiant quasiment avec l'équipage de la rencontre du premier monumental iceberg ou de ces plaques de glace en forme de nénuphars...
Ponting, ensuite, semble se faire un devoir d'illustrer la vie de ces curieux habitants alors, forcément, moins connus : notre homme se passionne à nous montrer des phoques rongeant la glace pour faciliter l'accès à la berge de leur petit, des mouettes tentant de couver tant bien que mal leurs oeufs ou des pingouins ultra préoccupés par leur progéniture - il multiplie les commentaires et même si l'on passe parfois plus de temps à lire qu'à découvrir des images, on sent bien tout le souci de notre gars à faire œuvre pédagogique pour ne pas dire scientifique. On pourrait sans doute un peu regretter que le gars ne puisse s'empêcher des pointes d'anthropomorphisme, comme s'il se faisait une joie de tisser des liens entre les pingouins et les humains (mais c'est bien la seule réserve à émettre)... La dernière partie, ponctuée par les notes de Scott dont la foi ne fut jamais entamée (même dans les derniers instants... sacré sens du sacrifice pour ne pas dire du patriotisme...) et par les images nous les montrant organiser leur campement spartiate ou progressant tant bien que mal sur cet enfer blanc (des images tournées avant la grande expédition), est particulièrement prenante tant elle parvient à rendre compte de la véritable folie de l'aventure... On se retrouve tout ému devant ce mausolée construit sur l'emplacement de la tente où les trois derniers hommes encore vivants ont été retrouvés gelés - à à peine vingt kilomètres de l'ultime base... Magnifique document exhumé par BFI dont les images n'ont franchement pas pris une ride.