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Shangols
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29 juin 2011

La Furie du Désert (Desert Fury) (1947) de Lewis Allen

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Entre les années 40 et 60, rares sont les films noirs en couleur, quand on y songe, et vous me pouvez me croire sur parole, j'en ai vu un bon paquet. "Oui, et alors ? ", pourrait être tenté de laisser échapper le néophyte un poil dédaigneux. Ben voilà, c'est comme ça mon vieux, mais cela est d'autant plus remarquable que la photo signée des gaziers Edward Cronjager et Charles Lang est absolument fabuleuse - et cela pas seulement parce que le regard bleu laser de la magnifique Lizabeth Scott ferait passer celui de Superman en pleine action pour les néons d'un bar louche. Nos deux techniciens parviennent à apporter une somptueuse petite touche de glamour à chacun des personnages (outre Lizabeth, citons Mary Astor, Burt Lancaster et le ténébreux John Hodiak) qui paraissent dix fois plus colorés qu'une mire, à nous faire ressentir toute la torpeur de ce désert qui transpire à travers chaque image chaudement éclairée, tout en teintant les recoins d'icelle d'une étrange ombre menaçante. La musique tonitruante de Miklos Rosza permet, qui plus est, de donner à cette intrigue des allures d'orages sur le point d'éclater : les personnages étant d'entrée de jeu parfaitement campés (la chtite blonde au caractère bien trempé, son chtit copain de jeunesse un peu tendre, sa mère fatiguée de son côté rebelle et ce séducteur au passé sombre qui pourrait bien semer le trouble), on s'installe immédiatement confortablement dans son fauteuil, savourant à la fois cette image qui pète de mille feux et cette atmosphère lourde... de promesses. Dommage, eh oui, dommage, que le scénario soit autant cousu de fil blanc, et qu'on soit capable de deviner les cinq dernières minutes au bout des cinq premières - heureusement tout de même que les dialogues sont, eux, suffisamment tortins pour parvenir à nous surprendre tout du long.

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Aucun doute, à faire connaissance avec ces personnages taillés dans un roc, bruts de décoffrage, que leur confrontation devrait produire des étincelles : John Hodiak, un regard de braise, une petite moustache vicieuse et un passé avec les femmes plus ou moins trouble (une aventure avec Mary Astor, la mère de Lizabeth Scott herself et une épouse morte dans des circonstances po très claires), Mary Astor, femme à poigne, directrice de casino, qui veut tout faire pour que sa fille ne connaisse point les mêmes désillusions qu'elle dans sa jeunesse, Lizabeth Scott, belle comme un diamant et prête à croquer la vie à pleines dents, Burt Lancaster, ancienne star de rodéo qui a endossé depuis l'uniforme de flic - plus plan-plan que les autres personnages, il faut aussi reconnaître que sa coupe de cheveux lui fait un sacré tort. Si Lizabeth se rangeait avec le Burt, on sent bien que cela arrangerait les affaires de tout le monde ; seulement, forcément, celle-ci va se faire un plaisir de tomber amoureuse du fougueux John ; amour de pur-sang qui sent la poudre, d'autant qu'outre Mary et Burt, le vieux pote de John (Wendell Corey) voit d'un sale œil cette amourette... Lizabeth cherche-t-elle uniquement à montrer à son entourage qu'elle n'est plus une gamine et n'a que faire des conseils et autres mise en garde, ou est-elle réellement amoureuse de cet homme apparemment peu scrupuleux ? Toujours est-il que son petit jeu avec cet homme, est, dans ces circonstances (les antagonismes sont légion), on ne peut plus dangereux...

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Des baisers se donnent, de relations se nouent, des alliances tentent de se monter avant de s'écrouler comme des châteaux de cartes, la tension monte dangereusement en cette bordure de désert ; Burt Lancaster a beau constamment veiller sur le petit réseau routier du coin, chaque fois qu'une personne prend sa voiture, on craint la sortie de route... N'ayant point assisté depuis le début du film à un quelconque meurtre, on s'attend au pire... (pétard, cette oeuvre est quand même considérée comme un film noir - en couleur, ok, dans un bled paumé et dans un décor de western, pourquoi pas, mais il va bien falloir à un moment que cela saigne... ou que le destin frappe subitement l'un des personnages principaux en nous clouant le bec, nan ?)... Mouais, mouais, on sent que les gars A.I Bezzerides et Robert Rossen n'ont pas totalement lâché les chevaux au niveau du scénario, ce film de genre bouillant finissant de façon bien tiédasse (un peu comme une bière frappée oubliée pendant quatre-vingt-dix minutes sur la plage arrière de la bagnole). Petite déception au final, malgré les quelques belles envolées de ce petit vent de furie technicolorisé...

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Commentaires
C
Ben voilà, on ne le dira jamais assez: il ne faut JAMAIS laisser sa bière sur la plage arrière. Le plus avisé étant de la boire, évidemment.<br /> Sur ce, bonnes vacances Shangols. Je vous retrouverai avec plaisir à la rentrée.
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