Insidious de James Wan - 2011
Un travail propret de la part du réalisateur du premier Saw, qui ne restera probablement pas dans les annales des grands films d'horreur (il fait pas peur, par exemple, c'est un petit handicap), mais qui reste suffisamment modeste et bien fait pour qu'on passe un moment sympa. Délaissant son gore facile et ses situations à la con, Wan revient à l'épouvante du samedi soir, avec le scénario le plus simple qui soit : une maison hantée, une chtite famille qui vient y vivre, et c'est parti pour des grincements inquitants, des croquemitaines dans les placards et des portes qui s'ouvrent toutes seules chteujure chéri j'l'ai vu. De l'allégeance au genre, en quelque sorte, et c'est bien la qualité du film : retrouver un peu de la magie de la Hammer, par exemple, ces vieux films cheap qui vous balançaient des démons à queue rouge et des medium gothiques à tour de bras. On y perd en peur (les monstres sont ridicules) ce qu'on y gagne en nostalgie : c'est comme si on redécouvrait un livre de recettes de mamie qu'on aurait oublié depuis qu'il servait de cale au canapé (je suis en train de déménager, mes comparaisons sont domestiques). C'est de la bonne cuisine à l'ancienne, qui existe comme si tout était resté figé depuis 50 ans. Ma foi, prenons ça comme un clin d'oeil sympathique et regardons la chose avec un oeil bon enfant.
D'autant que Wan réussit très joliment sa première moitié, faisant doucement monter la tension, retardant sans arrêt le climax des situations et des scènes : grincements bizarres dans le babyphone, silhouettes flippantes qui passent derrière la vitre, portes qui claquent, greniers obscurs, mais ça serait pas une main que j'ai vue, là, derrière l'armoire ? Il sait par exemple bien faire apparaître ses fantômes, de façon très concrète : ils sont là et puis c'est tout, même si l'abus de pattes griffues et de visages pâles est plus marrant que vraiment effrayant. Dans la deuxième moitié, c'est plus maladroit, notamment parce que le gars Wan ne sait pas trop sur quel pied danser : il y a du burlesque avec ce couple de chasseurs de fantômes geeks (Ghostbusters encore une fois érigé en must, je crois qu'il n'y a plus que moi qui considère que c'est une merde) ; il y a du pur fantastique dans ce voyage argentesque (de Dario Argento, comprenez) au pays des morts ; il y a de l'épouvante 30's dans les mises en scène grand-guignol des demoiselles en petites robes gothiques qui s'entretuent (très joli passage) ; il y a de l'horreur très contemporaine, tendance Paranormal Activity, dans cette façon d'étirer les scènes banales jusqu'à les rendre inquiétantes. A vouloir ainsi rendre hommage à tous, Wan lâche beaucoup de son style, et réalise un machin flou et purement référentiel, qui n'a pas sa voix propre. Reste un réel plaisir de consommateur du genre, quelques jolies idées (ce petit garçon qui apparaît brusquement à côté du tourne-disque pour écouter sa musique désuette) et un savoir-faire évident. Modeste et discret : du coup, attachant.