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10 juin 2011

Liberté, la Nuit de Philippe Garrel - 1983

vlcsnap-2011-06-09-21h25m58s127Hommage personnel à Maurice Garrel, RIP, immense acteur qui a non seulement brillé dans nombre de films, mais qui a aussi réussi à supporter ceux de son fils, et ça c’est grand. Quand on voit Liberté, la Nuit, on mesure l’ampleur de l’effort paternel : voilà un film ouvertement très chiant, et qui rassemble pas mal des tics agaçants de notre ténébreux Philippe Garrel… tout en comportant quand même un grand moment, j’y reviens.

 

L’essentiel est un pénible essai tourmenté sur l’engagement, la fin du couple, l’incommunicabilité, bref que des sujets rigolos. Jean et Mouche sont en train de vivre les derniers moments de leur couple, ils ont perdu la foi, sont trop éloignés l’un de l’autre. ça se fait dans la douleur, d’autant que chacun ignore que l’autre milite pour le FLN en cachette. S’ils l’avaient su, peut-être auraient-ils poursuivi leur histoire d’amour, c’est tout le constat amer du film. Quand Mouche se fait descendre, Jean dérive, a une vague aventure avec une Algérienne (Christine Boisson dans sa veine hystérique et concernée, une horreur) et s’enferme dans la tristesse. Garrel filme tout ça avec un sérieux papal, solennel, pompeux, et tombe souvent dans le ridicule complet : les scènes de couple, trop écrites, ressemblent à du BHL exalté : le gars voudrait rendre signifiants le moindre mot et le moindre geste, et ne vlcsnap-2011-06-09-19h09m31s174fait qu’enfermer ses situations dans une caricature intello très supérieure. Pour augmenter encore la solennité de la chose, il greffe sur tout et n’importe quoi une musique au piano romantiquissime (et ratée, on se croirait parfois dans un ascenseur), brouille les cartes techniques (hop le grain de l’image qui change, hop le montage audacieux entre plans d’ensemble et gros plans, hop le dialogue inaudible) et charge ses silences à mort. Du coup les personnages deviennent crispants, et on se fout un peu de ce qui peut bien leur arriver ; on suit cette histoire d’amour qui s’achève en se disant que tout ça est bien banal et n’avait pas besoin d’un tel poids sur les épaules ; quand Garrel suspend ses actions, pendant de longues minutes, on se demande s’il n’y a pas une erreur technique, mais non, c’est seulement pour nous faire comprendre que tout ce qu’on voit là est très très grave et très très indicible. Bref, c’est assommant de prétention, et on décroche environ toutes les 15 secondes.

 

Et puis, au milieu de l’assoupissement général, il y a une scène magnifique : un dialogue entre Garrel père vlcsnap-2011-06-09-21h55m18s61et Boisson, filmé derrière un drap qui claque au vent. Ça n’a l’air de rien, mais l’effet est super : on a l’impression d’un retour aux sources du cinéma, avec cet obturateur qui vient occulter l’image et la rend du coup presque subliminale. On retrouve avec cette idée le Garrel qu’on préfère, celui des années 68 avec ses expérimentations barrées et poétiques. Celui qu’on voit dans le reste du film, celui qui regarde ses histoires d’amour comme si elles étaient des tragédies antiques, me passionne nettement moins.

Garrel soûle ou envoûte ici

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