Révolte à Dublin (The Plough and the Stars) (1936) de John Ford
Malgré tout l'amour et le dévouement de la belle Barbara Stanwyck (Nora Clitheroe) pour son brave mari, Preston Foster (Jack), rien ne peut empêcher ce dernier de rejoindre l'armée de résistance irlandaise contre ces moustachus d'Anglais. "A man must fight", dit-il gaillardement, "You'll do the fighting, but the weeping will be for the woman", répond-elle laconiquement. Un véritable combat, si l'on peut dire, entre l'amour et l'engagement, dont ce dernier sortira forcément vainqueur ("There's things more important than us, Nora... I've started and there's no turning point.") malgré les multiples suppliques de Barbara. Une histoire d'amour finalement relativement attachante - ce n'est point si commun chez notre ami Ford quand on y songe - (on a ainsi droit à de nombreuses scènes où la Barbara se jette dans les bras de son têtu de mari), des personnages locaux particulièrement truculents (l'excellent Fluther, petit gazier picoleur qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui a pratiquement le même style de combat que moi - une merveille, tout en distance ; les deux vieilles donzelles qui passent leur temps à s'envoyer des piques) et en arrière fond, cette tragédie qui se joue ; les Irlandais décident de prendre d'assaut la Poste et d'y établir leur camp face aux nappes de soldats anglais qui vont tout faire pour les déloger.
On retrouve chez l'ami Ford ces fameux plans en "trio" (trois fidèles sympathisants, côte à côte, face à leur chef) avec des soldats prêts à se sacrifier pour la cause ; les ultimes combats sur les toits de la ville (les derniers résistants irlandais jouant au sniper) sont particulièrement réussis, mêlant poésie (des soldats prêts à décrocher la lune pour leur lutte) et action tragique (des fusillades qui partent dans tous les sens et de bien jolies chutes de toits en sus). On tremble comme une feuille pour le destin de Jack, sachant que le moindre pépin risque de faire mourir sur place notre pauvre Barbara. Ce sera finalement le chef irlandais, blessé et fait prisonnier, qui nous donnera notre dose d'émotion finale avec son exécution dans la plus grande des dignités (se faire descendre sur une chaise roulante, c'est forcément marquant... Bon, d'un autre côté, ce serait vache d'attendre qu'il se rétablisse pour le flinguer... Je vois qu'on se comprend...). De la dévotion (amoureuse et politique), du courage, de chtites pointes d'humour, de la grandeur d'âme, un Ford, finalement, qui mérite pleinement le détour... Si vous avez The Brat sinon, n'hésitez point à nous contacter, on vous fera une carte VIP de Shangols (totalement inutile, même pour frimer, mais c'est le geste qui compte).
Tout Ford à la chaîne, c'est là