Le Pigeon d’Argile (The Clay Pigeon) (1949) de Richard Fleischer
Si Richard Fleischer nous avait fait grosse impression avec The Narrow Margin, ce Pigeon d'argile demeure un petit polar bien fragile. L'idée classique du gars amnésique (Bill Williams) accusé d'être un traître qui doit se faire la malle pour prouver son innocence. Une gentille idée modianesque qui malheureusement se révèle guère palpitante. Notre ancien soldat Bill va faire équipe avec une certaine Martha Gregory (Barbara Hale) : il passe pour être le responsable de la mort de son mari (un pote à lui) et si leur première rencontre est forcément tendue, ils ne vont point tarder à faire ami-ami (Je ne me souviens de rien mais je vous jure que je suis innocent ! Ah bon). Ils partent ensemble pour Los Angeles à la recherche d'un troisième larron, Ted Niles (Richard Quine) qui, d'après Bill, devrait lui ranimer la mémoire (pendant la guerre, on les surnommait les trois Mousquetaires, c'est pas rien). Une chtite course poursuite en bagnole rondement menée, une visite touristique du Chinatown de Los Angeles et un dénouement dans un train (Fleischer sembler aimer les chemins de fer) qui peut en cacher un autre (ainsi que le véritable meurtrier - joli petit effet spécial, tout de même, lors d'un flash-back livrant la clé de l'énigme), c'est un peu tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent dans ce film noir loin d'être trépidant.
Des passages limite risibles (Bill et Barbara qui passent une semaine paisible au bord de la mer alors que deux secondes avant ils voulaient presque s'entre-tuer - on est dans un film noir ou dans une panade adaptée d'un bouquin Harlequin ? ; Ted qui demande à Bill au téléphone l'adresse où il se cache avant de lui dire qu'il est dangereux de se parler au téléphone, la police risquant de surveiller la ligne... Il se met alors à lui parler en code, un truc franchement absurde, Bill n'ayant désormais plus rien à cacher...) pour une seule séquence vraiment poilante (Bill pourchassé par trois hommes trouve refuge dans un appart à Chinatown : une femme asiatique, comprenant sa situation, le cache derrière un rideau dans une pièce où se trouve son bébé ; les trois hommes font alors irruption dans l'appart : l'un d'eux s'approche de la fameuse pièce alors que la femme leur indique que son bébé est en train de dormir et qu'il risque de le réveiller. Bill a alors une idée de génie : il se saisit d'un jouet, le pète sous les yeux du bébé halluciné, celui-ci pousse un cri de rage et le tueur de ne point oser entrer dans la pièce - ça vient de loin, pétard...). Le petit twist final n'en est pas un et la conclusion est d'un gnan-gnan sans nom. Heureusement le bazar est court - tout juste une heure... Un pigeon bien trop tendre pour nous rassasier.
Noir c'est noir, c'est là