Jour de Terreur (Cause for Alarm !) (1951) de Tay Garnett
Un film à vous dégoûter à vie de s'occuper des autres... Tournée en tout juste deux semaines, cette série B manie à la fois les thèmes de la jalousie et de la suspicion, le héros de l'histoire développant une terrible paranoïa dont la pauvre chtite Loretta Young va se retrouver la victime. Celle-ci est pourtant toute dévouée à son ancien militaire de mari alité, se sacrifiant entièrement à lui. Sa vie est morne comme une plaine napoléonienne, rythmée par le ménage et les repas qu'elle sert sur un plateau à son mari. Aucune vie sociale, même po avec les voisins, mais la pauvresse n'a pas l'air de vraiment s'en plaindre... Une nouvelle journée s'annonce, aussi vide que les autres,... sauf que la Loretta n'a aucune conscience du titre français. On découvre en effet que son mari s'est mis martel en tête que cette dernière entretient une liaison avec le docteur (un pote du couple) et qu'il est persuadé qu'ils se sont liés contre lui pour le supprimer. Il écrit une lettre au procureur pour faire part de ce "complot" - totalement infondé -, donne le courrier à sa femme pour qu'elle le transmette au facteur puis, une fois que cela est fait, lui annonce sèchement la nouvelle... Il l'accuse de doubler volontairement les doses - une bouteille de médoc s'étant une fois renversée, elle a été obligé d'en demander une autre à la pharmacie, mais va le prouver, toi... - et alors que la chtite, totalement horrifiée tente de le ramener désespérément à la raison (il la menace qui plus est avec une arme pour qu'elle n'aille récupérer la lettre), le mari... claque... Sale journée...
La Loretta toute affolée se doit absolument de récupérer la lettre, mais le malheur s'acharnant sur elle, elle doit aussi faire face, lors de cette longue journée, à toute une série de visites impromptues (un gamin du voisinage, sa tante, un notaire appelé quelques jours auparavant par son mari,...) sans parler des regards inquisiteurs de sa voisine qui se demande bien pourquoi elle est aujourd'hui aussi agitée. Récupérer une lettre filée à un facteur aux Etats-Unis semble aussi compliqué qu'un des douze travaux d'Hercule et on se demande bien comment notre héroïne va réussir à se tirer de ce mauvais pas... Le plus ironique dans l'histoire, c'est qu'elle semble plus paniquée à l'idée de passer pour une salope d'épouse que par la mort de son mari elle-même. C'est sûrement là finalement que réside l'aspect le plus noir de ce film... Trop de compassion tue la compassion... Tay Garnett, réalisateur en 1946 de The Postman always rings twice, livre un final qui pourrait presque faire figure, quant à lui, de private joke auto-référentiel... Honnête petite production qui donne l'occasion à la Loretta de passer en un temps record par toute une palette d'émotions.
Noir c'est noir, c'est là