L'Affaire de Trinidad (Affair in Trinidad) (1952) de Vincent Sherman
N'eût été (sans mauvais jeu de mots) la présence de Rita Hayworth, ce film serait tombé dans les oubliettes du film noir qu'on n'aurait pas perdu grand chose. La Rita nous gratifie de deux petits numéros de charme, se déhanchant sur des "a chick a chick boom chick boom" mortels ou faisant la maline en aguichant son monde avec des "I've been kissed before", et c'est bien là tout ce qu'il pourrait y avoir à garder de cette intrigue mollassonne (le rhum de Trinidad aurait-il été fatal à l'équipe ?). Les amateurs de la belle et de l'incontournable Jean Louis (bien la première fois que je mentionne le gars responsable des robes...) pourront y trouver leur compte, les amateurs du genre, eux, s’ennuieront ferme... Difficile de faire un scénar aussi faiblard (au bout de cinq minutes, le suspense est déjà mort (un indice au bas de votre écran : les méchants sourient jaune)) et l'arrivée de l'ami Glenn Ford raide comme un piquet et aussi drôle qu'une poêle à frire ne va pas vraiment apporter de glamour au bazar...
Le mari de cette pauvre Rita est retrouvé mort (un crime maquillé en suicide mais ne l'ébruitons point...) et la police demande à celle-ci de continuer de fréquenter un certain Max Fabian (un méchant traître mais on a pas de preuve, tu vois...) pour enquêter sur ses activités louches - sinon on va dire que le Max a tué son mari pour avoir la Rita tout à lui et la pauvre risquerait bien d'être éclaboussée par le scandale (Tu parles, tout le monde la considère déjà comme la grosse allumeuse, elle ne perdrait pas grand chose au change). Mais bon, faut bien trouver une idée pour lancer l'intrigue. Le frère de son mari débarque sur l'île, il ne croit pas une seconde à la version du suicide. Le Rita et le Glenn passe une heure à se tourner autour avant de craquer (ouais, un baiser de cinoche), mais le drame, c'est que cette dernière n'a po le droit de lui dire pourquoi elle continue de voir le Max... (Ce serait tellement plus simple, nom de Dieu...). Notre Glenn va avoir l'occase de sortir ses petits poings, la Rita va devoir la jouer fine pour trouver ce que cache le Max (le McGuffin ferait passer un James Bond pour une œuvre d'intellectuels), mais comme le Sherman n'arrive pas au petit orteil d'un Hitch, pas une fois on ne tremble pour nos deux tourtereaux ; le final est torché en deux coups de flingue, et on a peine pour la pauvre Rita de se retrouver dans ce film poussif point à la mesure de son charme et de son peps. Les costumes étaient donc de Jean Louis.
Noir c'est noir, c'est là