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29 juin 2023

Mademoiselle Chambon (2009) de Stéphane Brizé

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L'ami Gols avait aimé l'un des précédents films de Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé) et je dois reconnaître avoir été, à mon tour, sous le charme de ce délicat Mademoiselle Chambon. Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain accordent parfaitement leur violon pour nous conter cette histoire d'amour qui ne veut que murmurer son nom. Il est marié, il est maçon, a toutes les peines du monde à savoir ce qu'est un c.o.d. (c'est loin d'être vital) et a les deux pieds sur terre. Elle est seule, elle est maîtresse d'école, ne sait pas comment réparer une fenêtre (on vit très bien sans savoir) et aime à jouer du violon. Elle invite Lindon à venir parler de son taff en classe, puis lui demande de venir chez elle effectuer une chtite réparation, ils s'observent, ne savent jamais trop quoi se dire, mais plus par maladresse et par timidité que par manque d'affinité. Car on le sent dès le départ que ces deux-là sont attirés l'un vers l'autre, il n'y a même pas besoin de faire un dessin, ça se sent, voilà tout. Stéphane Brizé met en scène deux adultes aussi maladroits avec leurs sentiments que deux ados. Il sait faire la part belle aux silences - ça change de ces films bavards qui n'ont finalement pas grand-chose à dire - et on ne saurait lui donner tort : les deux acteurs, par un simple regard (une façon de regarder une porte qui les sépare), un geste simple (tendre un cd qu'il aime à l'autre) traduisent finalement tout ce qu'ils ont sur le cœur : point n'est besoin de surcharger leurs scènes de mots.

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Il est clair que leur candeur, leur retenue, leur fébrilité pourraient finir par agacer si l'on ne sentait à quel point chacun le faisait par respect de l'autre : il semble hors de question de chercher à "forcer la main de l'autre" et leur pudeur, leur tact les empêchent bien souvent de se voir, de se parler, de consommer leur amour (un parfait anti Happy few en un sens, et c'est forcément un compliment). Lindon évacue son surplus d'émotion en pétant un ptit câble à la casa ou au taff mais sans jamais que cela ne dégénère... Brizé réussit magnifiquement la séquence de leur premier baiser avec cet air de violon qui leur permet de couvrir les battements du cœur (et leur donne du courage), de se sentir au diapason ; quand la musique s'arrête (superbe idée de laisser la scène se dérouler), nos deux tourtereaux se sentent, dans ce silence, dans ce retour à la "réalité", tout patauds, tout émus et se séparent, inexorablement, comme "vidés"... Grande sobriété dans la mise en scène et la façon de filmer  (ces très légers travellings avant sur un personnage qui en observe un autre) pour une œuvre jouant sur le fil ténu de sentiments qui n'osent s'avouer... Jusqu'à ce que... mais point n'est la peine d'en dire vraiment plus. Très beau, très juste petit film.  (Shang - 05/03/11)

Mademoiselle_Chambon1


Ah nettement moins amoureux, moi, de ce minuscule film chichiteux et clicheteux, venu d'un cinéaste que j'aime depuis, mais qui n'en était là qu'à ses débuts. Et débuts bien maladroits. Tout ce qu'il réussit aujourd'hui (la finesse, la véracité, la direction d’acteurs) manque ici. Comment croire une seconde à ce maçon traité d'un bloc (et peut-être avec un poil de condescendance ?), forcément concon, forcément inculte, forcément bon père de famille et modeste jusqu'à l'effacement ? Et à cette instit, forcément sensible et cultivée ? Par-delà ces clichés de classe, comment croire à cet amour naissant qui ne se dit pas, alors que toutes les étapes de son développement semblent remplir un cahier des charges obligatoire ? La rencontre subtile, le premier baiser subtil, les colères subtiles, les retrouvailles subtiles, les adieux subtils... Brizé nous sert un film trop exemplaire sur les mystères indicibles de l'amour, mais appuie lourdement sur chaque regard, sur chaque geste, sur chaque mot (rares en effet, et heureusement : le son est absolument dégueulasse, et on ne comprend rien à ce que marmonnent ces pauvres acteurs), ce qui en annule toute l'élégance. Il prend le spectateur pour un âne, en gros, et lui explique bien, à chaque séquence, l'enseignement qu'il doit en tirer. A ce jeu, Lindon et Kiberlain, mal dirigés, en font des tonnes, lui dans l'humilité toute simple de l'artisan prolo de base, elle dans la stupeur timide de celle qui se trouve touchée par un homme. Quand on sait comment aujourd'hui les mêmes acteurs, filmés par le même réalisateur, parviennent à être d'une justesse effarante, on mesure le chemin parcouru. Avançant avec une fausse pudeur gênante (le film ne cesse de clamer ses intentions, tout en faisant mine de ne rien dire, c'est assez grossier), Brizé aimerait bien faire son film d'amour indicible à lui, mais chaussé de trop gros sabots, d'une vision sociale faussée, et d'un manque de confiance total dans le cinéma et le spectateur, il déroule ses situations attendues avec un manque d'originalité bien tristoune. Ratage pour moi...  (Gols - 29/06/23)

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Commentaires
M
J'adore ce film également. Lindon y est extra.
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