On vous parle de Prague : le deuxième Procès d'Artur London (1971) de Chris Marker
Chris Marker se rend sur le tournage de L'Aveu et interroge une partie de l'équipe du film (Montand, Semprun, Costa-Gavras, Signoret...) et, en prime, le véritable Artur London, l'écrivain du livre dont le film est tiré. Après une jolie petite intro où Marker compare le cinéma à la poterie - belle idée que celle de filmer les mains des techniciens au travail -, il demande ce que le thème de ce film représente aux yeux de chacun et se fait - gentiment - l'avocat du diable en demandant, systématiquement, si ce film ne risque pas "d'apporter de l'eau au moulin" aux adversaires du socialisme... Pour Artur London, qui n'a jamais renié ses convictions communistes d'origine, le film, tout comme le livre, ne peut que "rendre au communisme un visage humain" et se révéler, ainsi, d'une certaine façon, salutaire. Même son de cloche chez un Montand qui a bien du mal à ne pas s'emballer sur la question (faut dire que le gars a perdu douze kilos sur le coup et qu'il est forcément à fleur de peau): continuer de croire au socialisme de façon "religieuse" et chercher à occulter ce genre d'événement seraient forcément tout autant destructeur ; ce d'autant qu'à ses yeux, le "combat pour vivre de façon humaine" ne fait que commencer... (Montand, président !... ah oui, mince, trop tard). Il évoque au passage son implication totale dans le film ("je ne conçois pas ce travail sans être en harmonie avec les choses qui m'intéressent..." - c'est sûr qu'IP5, cela a dû lui en mettre en coup - c'est dur, c'était facile...) mais termine l'interview avec une petite pointe d'autodérision qui ne mange pas de pain ("... bien que j'aime bien jouer au poker tous les samedis". Sacré Papounet, va). La grande Simone a peut-être un peu plus de mal à se dépêtrer avec la question mais s'en sort, finalement, avec une formule d'une grande simplicté qui résume toute l'ambition de cette oeuvre : "(ce film), pour les gens biens, ce sera bien !". Bel aveu.
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