LIVRE : Alice Kahn de Pauline Klein - 2010
Guère passionné par ce bouquin trop court pour pouvoir développer le concept dont il semble s'enticher : critiquer le milieu de l'art contemporain, des galeristes, des artistes conceptuels, dans toute sa vanité, tout en créant un objet contemporain. Il y a de bonnes idées là-dedans, une inspiration un peu à la Sophie Calle, qui fait de l'intimité et de l'identité la base d'un travail plastique (bien aimé, par exemple, cette idée de rajouter des oeuvres sans valeur dans les musées pour les faire devenir des oeuvres d'art) ; le livre opère des allers-retours entre la trame principale (une histoire d'identité volée, d'amour reposant sur une erreur, sur une usurpation) et une introspection assez complexe dans l'intimité de son héroïne, qui a fait du "déguisement" un mode de vie. Mais je ne sais pas vraiment pourquoi, le roman demeure à distance, un peu froid, un peu trop "bel objet" pour sortir de la catégorie du simple design : on apprécie, on constate même que Pauline Klein n'est pas dénuée d'invention dans l'écriture et dans la construction de son récit, mais on reste loin de la chose. Peut-être parce que le sujet sent un peu l'entourloupe (critiquer ce qu'on rêve d'atteindre), d'où un certain soupçon de manque de sincérité, de livre bling-bling. On dirait que le vrai sujet n'est qu'esquissé, qu'on n'a là que la première partie d'un roman plus long (et qui serait peut-être intéressant, en plus). Sentiment d'inachevé, de pas abouti, de travail en cours. Du coup, un livre déjà oublié.