La Blonde explosive (Will Success spoil Rock Hunter?) (1957) de Frank Tashlin
Aucun doute sur le fait que la blonde platine Jayne Mansfield est une grosse bombasse capable à chaque baiser goulument donné de faire exploser votre paquet de pop-corn dans la poche - on y verrait bien une métaphore, mais autant ne pas tomber bêtement, dès le départ, dans la vulgarité. Elle passe son temps à se dandiner dans des robes affriolantes, à prendre des bains mousseux qui finissent par énerver (personne pourrait soudainement souffler sur cette maudite mousse ?), à se faire masser les mollets par une grosse servante qu'on jalouse... On aimerait forcément être à la place de ce gentil couillon de publicitaire (Tony Randall as Rock Hunter aussi sobre que Jerry Lewis sous ecstasy... N'est pas Don Drapper qui veut...) qui a l'incroyable opportunité (elle veut rendre jaloux son Tarzan de petit ami avec le premier quidam qui passe) de jouer les chevaliers servants. Si ce dernier est jouasse d'obtenir le contrat du siècle, avec la star Jayne, pour une marque de rouge à lèvre (reconnaissance au taff, promotion), il se fatigue rapidement de sa popularité (c'est une big star dans les journaux où on le surnomme Lover Doll) et il perd au passage sa blondinette de copine (Betsy Drake, mouarf, enfin, po si mal); il a tout le succès dont il pouvait rêver mais finalement po l'amour, voyez... Va-t-il reconquérir sa Betsy ? Ben oui, forcément, ne jouez pas les innocents.
Les stars qui se font leur pub grâce à de mini-scandales amoureux, on a forcément pris l'habitude depuis, mais, en 1957, ça sent forcément un peu plus la gentillette satire (sans parler des petites allusions mesquines à propos de la téloche, micro boîte publicitaire). On n'a guère de mal à voir l'esprit très poupoupidou du bazar (les cris d'orfraie de la Jane à la fin de chacune de ses phrases, les couleurs qui explosent dans tous les sens - sublime copie restaurée, rien à dire de ce point de vue-là, le petit côté "bandes-dessinées" avec ces multiples petits effets spéciaux à connotation sexuelle - au moindre baiser, un truc explose...), aucun doute non plus sur le fait que, au niveau du rythme, le Frank Tashlin tente de mettre les bouchées doubles, mais franchement, au niveau de la comédie pure, l'ensemble reste malgré tout un peu lourdingue : des gags visuels qui ne vont jamais chercher bien loin, des personnages ultra caricaturaux (et puis Tony Randall, je ne sais pas vous, mais moi je le trouve relativement gonflant avec ses pauvres mimiques - certes Jayne Mansfield est, elle, en comparaison, juste joliment gonflée...) et je ne parle point de ce scénario dont on devine trente minutes à l'avance les moindres rebondissements "surprises". On apprécie l'utilisation et le mariage de ces couleurs pétantes - esthétiquement, c'est soigné, rien à dire sur ce point - mais on a bien du mal à ne pas laisser échapper de petits bâillements dans la dernière demi-heure (ok, c'est bon on a compris la démonstration), même si chaque apparition de Jayne Mansfield a encore tendance à nous regonfler le moral (le moral, oui). Bref une histoire au déroulement terriblement attendu dont les tons colorés pètent la rétine mais dont les gags cassent pas vraiment la baraque (Tony Randall, calme-toi deux minutes et tente de jouer normalement, merci).