Air Doll (Kûki ningyô) (2010) de Hirokazu Kore-Eda
Kore-Eda a une très bonne idée de court-métrage, et a la malencontreuse idée d'en faire un très très long. Il serait forcément très facile de dire que sa poupée gonflable est gonflante mais c'est malheureusement le cas. Pourtant, au départ, dans les premières scènes, quand notre soubrette sexy "prend forme", il y a une véritable grâce et une certaine poésie qui se dégagent de ces gestes à la fois heurtés, "mal contrôlés"; seulement le constat est vite amer, notre fantasme sexuel vivant n'a évidemment pas inventé la semoule et ferait presque penser à une jeune Chantal Goya persuadée que les lapins ont véritablement exterminé tous les chasseurs. Ben oui, forcément, elle a rien dans la tête, la bougresse, et ne trouve rien de mieux comme job que de passer ses journées comme... vendeuse dans un magasin de location de DVD - le coup est un peu bas quand on y songe. Si au début, on peut s'amuser de ces airs tout effarouchés chez cette fille, à l'origine, guère farouche, elle devient vite à la longue terriblement ennuyante avec ses réflexions méchamment cucul la praline... Il y a bien UNE bonne idée, celle où lorsqu'elle "crève", elle se fait regonfler (le moral) par ce petit employé tout enamouré : notre belle flotte littéralement dans l'air le temps d'une jolie séquence, mais là encore c'est un peu maigre sur deux heures. Kore-Eda parvient sûrement à traduire à la longue cet immense sentiment de solitude généralisée qui semble planer sur ce Japon "à bout de souffle" mais au-delà de ça, on peut po dire qu'il y ait grand-chose à se mettre sous la dent. La séquence où notre poupée en quête de ses origines revient dans l'atelier de confection n'apporte rien de bien transcendant à l'histoire, tout comme cette scène étrangement macabre où elle tente à son tour de "donner de l'air" à son compagnon et l'éventre de façon plutôt bêta. Le film, esthétiquement très soigné et relativement zen dans son rythme, a certes la légèreté d'une bulle d'air, le seul problème étant qu'au final il manque terriblement de consistance - ben ouais, tout le monde se ronge dans sa solitude, c'est bien triste ma bonne dame mais c'est po nouveau nouveau, dans le genre. Bref une tentative originale qui part d'un bon principe (quelques mignonnes petites trouvailles notamment (mais trop rares) comme celle de cette couture de bas d'une passante que notre poupée veut l'aider à effacer après avoir gommé ses propres "marques d'origine") mais qui traîne méchamment en longueur... Le plastique est triste.