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26 octobre 2010

LIVRE : L'Eléphant s'évapore (Zô no shômezu) d'Haruki Murakami - 1993

murakami_2Bien content de m'être réservé pour des journées qui fleurent bon l'hiver ce recueil de nouvelles du gars Murakami qui a toujours le don de me faire m'esclaffer en sourdine. Même si certaines nouvelles s'achèvent de façon un peu abrupte (on aimerait bien que chacune se transforme, comme la toute première de cet ouvrage ("L'Oiseau à ressort et les Femmes du mardi"), en un long roman de huit cents pages), on retrouve toute la force d'invention du gars, qui en trois phrases sait nous attirer dans une histoire des plus fantaisistes (une femme qui ne dort plus depuis dix sept nuits (l'envoûtant "Sommeil"), un curieux petit monstre qui se glisse chez les gens ("Le Monstre vert") ou des êtres miniatures qui viennent dans votre foyer avec une téloche ("TV people")) et surtout un humour finaud capable d'éclater au détour de n'importe quelle paragraphe ou court dialogue. Adoré pour ma part ce récit ("Family Affair") qui met en scène un frère assez caustique et une soeur relativement conservatrice ("Elle ressemble de plus en plus à maman, me dis-je, les femmes sont vraiment comme les saumons : quoi qu'il arrive, elles finissent toutes par remonter le courant jusqu'au même point.") ou encore le point de départ génial (il y avait moyen de broder des pages et des pages sur cette usine) de la nouvelle intitulée "Le Nain qui danse", avec ce type qui fabrique des éléphants (des vrais, attention): "Juste pour mémoire, je rappelle que nous ne fabriquons pas les éléphants à partir de rien, bien sûr. Pour être exact, nous reconstituons des éléphants lyophilisés, pourrait-on dire. Un éléphant capturé est découpé à la scie en partie distinctes : les oreilles, la trompe, la tête, le tronc, les pattes, l'arrière train, ce qui nous permet de reconstituer cinq éléphants"... Une fois qu'on accepte ce genre de postulat, on est prêt à se laisser mener n'importe où par le bout du nez par un Murakami jamais à court de situations plus ou moins burlesques : difficile de résister notamment à ce braquage en règle d'un Mac Do dans le but de se débarrasser d'une curieuse malédiction ("La seconde attaque de la Boulangerie"), à l'histoire de ce type qui fait son footing en surveillant, dans son voisinage, différentes granges menacées par un pyromane ("Les Granges brûlées") ou encore à cette ultime nouvelle énigmatique où un éléphant (animal fétiche de l'Haruki) se fait la malle sans laisser de traces ("L'Eléphant s'évapore"). Murakami excelle tout autant à mettre en scène des récits où sourd un véritable sentiment de solitude (les différents personnages féminins de "La Fenêtre", "Le Communiqué du Kangourou", "La dernière pelouse de l'après-midi") comme si son écriture s'adressait en priorité à ces âmes (à nos âmes) égarées et isolées. Des histoires souvent teintées d'une petite pointe de nostalgie mais toujours racontées avec un poil de malice et un véritable humanisme. Cherchez po de toute façon une once d'objectivité dans mes commentaires, Murakami (traduit par Corinne Atlan) demeure ma grande idole.         

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