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22 septembre 2010

Tête Brûlée (Air Mail) de John Ford - 1932

vlcsnap_2010_09_21_19h04m20s90John Ford sort l'artillerie lourde pour divertir le chaland, et il y arrive bougrement. Air Mail a tout les éléments qui font le grand cinéma ricain couillu et sans cervelle qu'on adore. Inutile, m'est avis, de chercher là-dedans un quelconque discours : c'est du cinéma brut de décoffrage, parfait pour se vider la tête à bon compte tout en restant dans le domaine du grand savoir-faire classieux. C'est à l'aéro-postale que s'intéresse Ford ici, celle de l'abnégation du bon pilote qui brave les tempêtes pour que votre numéro de Femme Actuelle arrive dans votre boîte à l'heure dite. Inutile de dire que Ford s'en donne à coeur joie dans la glorification de nos héros : ils sont beaux, purs, sans peur, et ils te pilotent le bazar avec un doigté qui les honore (Ford se moque ouvertement de Lindbergh au passage, qui aurait usurpé son héroïsme en occultant les vrais héros que sont les aviateurs de l'aéro-postale).

Bémol : un salopard de casse-cou grande gueule est muté dans la section de nos héros. C'est bien simple, c'est une ordure : il pique la femme des autres, a un rire sarcastique quand le biplane de l'un d'eux se gaufre et part en torche, et pire que tout, il se fout comme de son premier avion en papier du courrier à livrer. Il est presque aussi immonde que l'autre monstre du film, celui qui a un jour sauté de son avion en laissant s'écraser tous ses passagers. Il faudra un accident épique dans la montagne pour que notre salaud ne s'avère en fait un as de l'aviation n'écoutant que son courage pour sauver son pire ennemi.

vlcsnap_2010_09_21_19h51m07s5La nuance n'est pas le mot d'ordre du truc, et c'est tant mieux : on veut du divertissement, point barre, et on en a. Cascades en avion, crash impressionnants, femmes fatales, baffes sonores entre gonzes, petites phrases héroïques, c'est du nanan. Ford réussit magnifiquement ce nouveau portrait de groupe, la première partie étant surtout filmée depuis la petite bicoque qui sert de tour de contrôle et où les hommes s'entassent en attendant le prochain voyage : petits gestes du quotidien, minuscules gags qui dessinent parfaitement chaque personnage (le gars qui crache sa chique avec toujours le ding qui résonne). Le monde extérieur, effrayant, bruyant, ne semble là que comme figure du destin, agréable (les aviateurs qui rentrent à la maison) ou désagréable (les crashs, la mort). Ces deux décors quasi-uniques (la maison et le tarmac) permettent à Ford de se livrer à quelques exercices techniques de toute beauté, comme ce champ/contre-champ muet à travers la vitre quand un des pilotes vient de mourir : le messager de la mauvaise nouvelle, dehors, est accompagné d'un lugubre bruit de vent ; l'épouse de la victime, dedans, est happée par le silence.

Quant à la dernière demi-heure, elle est effrénée et génialement rythmée : un long morceau de bravoure à base d'atterrissage dans un mouchoir de poche, d'ailes qui décrochent et de plaisanteries fines en pleine catastrophe. Nos gars sont décidément de solides gaillards, et il fallait ce film noble et hagiographique pour en témoigner. Viril.

vlcsnap_2010_09_21_21h56m47s144

Ford à la chaîne : ici

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