Du Boulier à l'Ordinateur (1997) de Gérard Valet
Plus de vingt-cinq ans plus tard, Gérard Valet revient sur les lieux de tournage de son précédent documentaire sur la Chine. Forcément, la tentation de mettre en parallèle les deux époques est grande et le réalisateur ne se gène point. Pour Gérard Valet, force et de constater que les deux mots clés sont "tradition et nouveauté" : les bouliers n'ont pas encore complètement disparu (en 2010, ils deviennent terriblement rares, il faut bien le reconnaître, il n'y a bien que chez un "apothicaire" (je devais être super malade...) que j'ai vu une fois la vendeuse s'en servir sous mes petits yeux ébahis), on continue de balayer les rues avec le même vieux balai et les spectacles de danse sont toujours aussi cucul la praline... Petits détails tout de même pour les deux derniers points, les voitures ont entre temps envahi les rues de la capitale (trois périphs en 95, au moins cinq aujourd'hui si je ne m'abuse...) et les slogans politiques à la fin des spectacles ont totalement disparu. L'évolution la plus spectaculaire, visuellement parlant, demeure peut-être le développement de Pudong à Shanghai et la disparition des jonques sur le Huang Pu le long du Bund - on a beau le savoir et passer devant tous les jours en notant à chaque fois une nouvelle tour de 50 étages (j'exagère un poil), l'évolution demeure sidérante. D'autres changements bien sûr sont flagrants : les endroits de culte réouverts progressivement, le développement du tourisme intérieur, l'éducation des bambins (finis les mini entraînements militaires, les jeux éducatifs anti-impérialistes - Donald et les ordinateurs ont plus de succès désormais...). Certains lieux ne font plus vraiment recette - la ville de Yenan où Mao avait trouvé refuge après sa longue marche est quasiment désertée -, quant aux coopératives agricoles voilà un bail qu'elles semblent avoir disparu... La voix off demeure omniprésente et ne laisse toujours pas plus de place à la parole des autochtones, Valet semblant se contenter - avec une évidente humilité - de laisser le plus souvent les images parler d'elles-mêmes. On reste sûrement un peu trop "en surface" des choses (timide volonté de savoir ce que vont devenir certains de ces individus qui ont perdu leur travail en cours de route...) mais ces deux docs qui "font date" et qui s'efforcent le plus souvent de ne pas se laisser piéger par les éternels préjugés ou les idées toutes faites demeurent un intéressant témoignage (avec leurs limites, ce dont les auteurs sont conscients) sur la Chine contemporaine. Pour un regard plus acerbe et critique sur la Chine des années 70, on pourra forcément "préférer" le doc d'Antonioni beaucoup moins bien perçu à l'époque en Chine... A chacun d'y trouver son compte et de juger de la "partialité" (bien grand mot, certes) de ces deux auteurs européens sur ce vaste pays oriental... Je ne me mouille po vraiment, j'avoue, mais je n'y étais point à l'époque...