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14 septembre 2010

¡Cuba Sí! (1961) de Chris Marker

smallMarker se rend à Cuba en 1961 pour voir où en est, deux ans après, la révolution initiée par l'ami Castro pour "abattre la dictature" de Batista. Aucun doute sur le fait que le Chris est totalement sous le charme de cette "société nouvelle" qui s'organise sous ses yeux (il a, qui plus est, le sens de la formule, le bougre : "La révolution, c'est faire de ce qui est évident (donner entre autres des logements décents à tous) la réalité" - po mieux)  et qui continue de lutter contre l'envahisseur ricain. Montage toujours au taquet - des plans de quelques secondes qui s'enchaînent superbement (magnifique séquence, notamment, de ce concert de rue où le rythme et les gens s'emballent) et des commentaires, comme d'hab chez le Chris, précis et joliment troussés  (il y a, à Cuba, "l'Espagnole, la Noire et la Mulâtresse, belle comme une éclipse" - j'en frémis encore). Marker tente de dresser un premier bilan de ces deux années évoquant des sujets aussi divers que l'économie de la canne à sucre, l'éducation pour tous, les défilés des défenseurs de la révolution (...) et tente de faire sentir le souffle populaire que l'on peut capter dans l'atmosphère. Son doc est enrichi d'une interview de Castro qui répond sans langue de bois à son interlocuteur. Quand on lui demande comment on devient un révolutionnaire de sa trempe, le Fidel répond humblement que la révolution ne dépend pas tant d'individus en particulier mais du "climat d'injustice" qui règne à un moment donné. Quand le Chris lui cherche des poux en lui demandant pourquoi, puisqu'il est si populaire, notre homme n'organise point d'élection démocratique, ce dernier répond qu'il faut non seulement du temps pour que le pays "s'institutionnalise", mais prend l'exemple de la France : dans un pays où on organise chaque année de multiples élections - nationales (président, députés...), régionales... - cet "électoralisme" ne résout, au final, aucun problème de fond... Et toc (alors que Castro est mort cliniquement depuis au moins cinq ans (ok, j'exagère un poil), il n'est point étonnant qu'il prenne la peine de ressusciter soudainement pour se fendre d'un commentaire saignant devant la politique de Sarko - c'était la minute engagée du soir). Alors bon, je vous voir venir de loin, la révolution cubaine n'a po tenu toutes ses promesses, nan... Mais il est beau de constater qu'en 1961, on y croyait à donf ; le Chris était sur place pour chercher à capter cette atmosphère pleine d'espoir quand, au même moment, aux Etats-Unis ou en Europe, on ne mettait pas un kopek sur l'avenir de ce régime (dénonçant dans les médias uniquement les excès sans jamais évoquer les changements positifs - cela n'a guère changé lorsqu'on évoque aujourd'hui la Chine, autre pays diabolisé à notre époque... mais je m'emballe). Un intéressant doc d'époque quand le fond de l'air était rouge.

Chris Marker, l'intégrale : cliquez

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