Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
OPHÜLS Marcel
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 septembre 2010

Berlin Express (1948) de Jacques Tourneur

Berlin_Express_Archives_DVD_01802

Film très prenant du père Jacques qui a pu tourner exceptionnellement dans l'Allemagne d'après-guerre. Si l'intrigue est suffisamment bien troussée pour tenir en haleine (un homme kidnappé) et pour faire sens (un Anglais, un Ricain, un Soviet, un Français sont-ils capables de s'entendre dans ce monde en reconstruction ?), ces "décors naturels" - en gros des ruines, c'est ça - de Francfort et de Berlin donnent au film à la fois une authenticité et une atmosphère des plus particulières. Jacques Tourneur nous a encore mis dans sa poche.

Berlin_Express_Archives_DVD_03957

Ca commence dans les rues parisiennes avec un pigeon abattu porteur d'un étrange message. Une belle occasion pour faire une petite visite touristique - de Notre-Dame à la Tour-Eiffel en passant par Montmartre et l'Ile de la Cité : Paris is still Paris - et pour faire un tour dans les Services Secrets français nommés le Deuxième Bureau - à Madagascar, c'est une maîtresse ou un amant comme quoi, cela n'a franchement rien à voir. Un message qui semble avoir un lien avec le départ d'un train dans lequel se trouve le fameux Dr Bernhardt, un diplomate allemand qui a autrefois combattu les Nazis et qui cherche aujourd'hui à réunifier l'Allemagne divisée entre les grandes puissances - cette situation profitant avant tout à la pègre et aux agitateurs locaux. Tourneur joue gentiment au guide en nous présentant tous les passagers de ce train militaire, compartiment par compartiment : un vrai melting pot avec entre autres, la jolie Merle Oberon en secrétaire d'un étrange Allemand, Robert Ryan, un Ricain nutritionniste qui a la classe et qui lorgne sur la demoiselle, un officier russe, un ancien résistant français, un English à la fine mooostâche... On ne tarde pas à comprendre que le message aurait un lien avec le mystérieux occupant du compartiment D et on en est super certain quand une grenade éclate dans ce compartiment... Notre Dr Bernhardt, ami précieux pour les Alliés, parvient à sortir sain et sauf de cet attentat, mais disparaît dans la foulée alors qu'il se trouvait dans la gare de Francfort. Quatre gaziers issus de pays différents décident de s'allier (forcément) à la chtite Merle pour retrouver la trace du diplomate...

Berlin_Express_Archives_DVD_20212

Le pitch tient bien la route, le scénariste ne nous prend jamais pour une endive (une voix off se fait un devoir de nous expliquer en détail l'organisation administrative complexe de ce monde d'après-guerre) et cette recherche du diplomate dans les rues de Francfort est l'occasion de partir à la découverte de cette ville en charpie  : des petits cabarets borgnes à cette immense brasserie désaffectée (Ryan qui tombe dans une cuve de bière allemande, putain, le rêve !...) en passant par des quartiers entièrement dévastés, le jeu de piste prend tout son sens dans une ville où les noms des rues ont disparu. Un cadre qui pèse forcément très lourd dans l'ambiance de ce film, et comme Tourneur n'est pas un manchot, il sait ajouter quelques ingrédients qui relèvent le plat : un petit flirt entre Merle et ce renard de Robert Ryan, un clown blanc - même deux - qui passe du rire... aux larmes (c'est toujours triste un clown qu'on assassine...) et surtout un paquet de petites réflexions entre nos quatre hommes qui montrent bien que la seule chose qu'ils avaient vraiment en commun, c'est l'ennemi ; leur collaboration, pardon, leur alliance pour retrouver le diplomate fait plaisir à voir mais tout part en guenilles dès lors qu'il n'y a plus d'objectif unique... Tourneur se fait-il au final plutôt pessimiste ou optimiste ? Il semble à la fois lucide - chacun rejoint son camp, fier d'en faire partie  -, n'est pas exempt d'une petite note d'espoir - tout par la suite reste possible, nos hommes ayant la possibilité de se recontacter (on croit encore à une entente possible avec les ruskovs, c'est beau) - et conclut son film avec une troublante image : un type qui a perdu une jambe passe dans les rues de Berlin sur des béquilles : va-t-on finir, malgré les blessures, par aller enfin de l'avant (en s'associant entre nations) ou ce monde est-il voué à être "handicapé" (en d'autres mots : va-t-il à sa perte) s'il est incapable de s'entendre ?... Selon que vous soyez optimiste ou pessimiste... 

Commentaires
Derniers commentaires
Cycles
Cycle Collection Criterion 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Cinéma Japonais 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Festival de Cannes 1 2
Cycle Western 1 2 3
 
 
Best of 70's      80's      90's      00's      10's
 
Ecrivains