Tacle aux Crampons (Flashing Spikes) (1962) de John Ford
On ne va pas laisser tomber si facilement cette longue odyssée Ford : je remets donc un petit coup de rein dans la dernière ligne droite. Ce n'est jamais qu'un épisode de téloche mais qui bénéficie tout de même de la présence de James Stewart : même si celui-ci en fait des caisses (endosse des lunettes pour faire le petit vieux, adopte un accent bourbonnais un poil forcé...), c'est un vrai plaisir de découvrir notre James dans ce rôle de personnage que tout le monde accuse mais qui n'a pas livré tous ses secrets. L'histoire d'une rédemption - quel bel héros, ce Stewart, grandi par les contre-plongées - mais aussi récit classique d'un vieux briscard prêt à venir en aide à un petit jeune qui monte. John Ford fait son Godard en nous disant qu'il faut se méfier des apparences - une photo et un film exhibés comme preuves ne démontrent finalement absolument rien - et tend à glorifier les légendes sportives tout en dézinguant les journaleux fouille-merde. Forcément un peu facile.
Un jeune joueur de base-ball à la carrière prometteuse se retrouve accusé par un journaliste d'avoir reçu un pot-de-vin : lors d'un match crucial, il aurait volontairement feint une maladresse afin de recevoir un petit pactole d'une ancienne gloire du base-ball qui a lui-même, en son temps défrayé, la chronique - cette vieille gloire n'est autre que notre gars Stewart, interdit à vie des stades après avoir été accusé de s'être fait payer pour un match. Stewart et le rookie se connaissent apparemment plutôt bien, c'est en tout cas ce que va tenter de nous raconter un bon vieux flash-back : ils se sont rencontré lors d'un match où le vieux a humilié l'équipe du petit jeune, et même si notre jeunot a eu un geste déplacé à l'époque - le fameux "tacle aux crampons" du titre qui s'éclaire... -, il a gagné le respect du James pour s'être excusé en fin de match. Stewart va par la suite suivre avec attention la carrière du chtit et l'aidera même en secret avant qu'ils se recroisent en Corée... On ne croit forcément pas une seconde que le vieux ait voulu un jour corrompre notre star naissante et on attend avec une grosse confiance l'issue du procès... On fait plutôt dans le frontal pour filmer nos principaux personnages (le goût de Ford pour les duos et les trios) même si le cinéaste, sans doute pour "booster" un peu son récit, inclue ici ou là des images d'archives - de matches de base-ball mais également d'images, au front, de la guerre de Corée ; un mix d'ailleurs souvent brutal qui a plus tendance à nous faire "sortir de la trame" qu'à donner à celle-ci une véritable patine réaliste - mais cela reste un sentiment perso. Stewart attendra son heure pour être réhabilité et la Sainte Justice Américaine de rayonner de tous ses feux. Bon, une sympathique petite oeuvre télévisuelle qui demeure avant tout collector (J'ai taclé le gars Gols sur l'action (sans crampons, certes) : un plaisir enivrant et totalement puéril...).