Toy Story 2 de John Lasseter, Ash Brannon & Lee Unkrich - 1999
Retour en bonne forme pour les pixels disneyens, qui nous donnent droit une nouvelle fois à une aventure pleine de rythme et de fantaisie. Toy Story est décidément une jolie série, et les anciens personnages tout comme les nouveaux sont savoureux. Mon coup de coeur pour ces jouets bon marché que constituent les martiens à trois yeux : ils étaient secondaires dans le 1 ; ici aussi, certes, mais leur caractère est plus fouillé et franchement hilarant : ils s'extasient devant tout, et leurs voix sont poilantes (à voir en VO, bien sûr).
Bon, ceci dit, Toy Story 2 régresse par rapport à son prédecesseur. Manifestement dopée par le succès du 1, la bande de réalisateur (l'irrégulier Lasseter s'est entouré d'Ash Brannon, responsable du nul Surf's up, et de l'inconnu Lee Unkrich) se met en tête de surenchérir, et pond une chose trop complexe dans sa trame. La simplicité et la nostalgie attachantes passées se transforment ici en divertissement beaucoup plus moderne, à l'image de cette première séquence ratée, où Buzz est un héros de l'espace d'aujourd'hui au lieu d'être le jouet qu'on connaît. La trame multiplie les enjeux sans nécessité, enlèvement de Woody, vieillissement des jouets, lutte entre Buzz et un méchant inutile, historiette d'amour qui démarre, lutte contre la globalisation... Au lieu de rester sagement dans l'épure, ce qui était nettement suffisant pour faire apprécier l'opus précédent, ces messieurs se piquent de raconter trop de choses, et sacrifient pas mal de pistes du coup.
En plus, le sujet principal semble quand même légèrement putassier (on retrouve ainsi une tendance de Lasseter) : il s'agit d'un combat entre joujou traditionnel (le cow-boy, le Télécran, le pingouin, etc.) et l'immonde ennemi de la modernité, comprenez le Japon et son goût ignoble pour les collections de jouets (tous ensemble : hooooou, le Japon). Sans nuance, Lasseter et ses potes se placent du côté des premiers. Mais l'esthétique même de Toy Story 2 se situe beaucoup plus dans le domaine des seconds. Faire un film contemporain, qui satisfera les yeux mondialisés de nos bambins d'aujourd'hui, tout en défendant une certaine tradition du divertissement, ça ne manque pas de culot quand même. Woody et ses compagnons, heureusement, ouf, God save America, comprendront que la vérité est du côté de la famille réunie et de la good old America débarassée de l'envahisseur nippon ; envahisseur qui fait la plus grande partie de l'esthétique du film, dans ses scènes de combat surtout... Mouaif... Tant pis, passons là-dessus, et reconnaissons que le film est très agréable au premier degré. Les jouets commencent à penser à leur retraite, on leur en voudrait.