Halloween II de Rob Zombie - 2010
Je sais : j'avais été affligé par le premier opus de Halloween par Zombie, mais, attiré par les papiers élogieux des Cahiers sur cette suite, j'ai bien voulu être curieux. Bien m'en a pris... dans une certaine mesure, quand même. Libéré du carcan lourd à porter de son modèle-Carpenter, Zombie livre ici un film beaucoup plus personnel et intéressant que son remake moisi. Halloween II convainc souvent, en ce qu'il nous fait retrouver par bribes quelque chose du slasher grande époque, convoquant avec respect Hooper ou Argento. Grâce en soit rendue à l'absence totale de scénario : privé de trame, le film se concentre uniquement sur la brutalité visuelle de ses séquences, et on y gagne grandement dans ce nihilisme proche de l'absurde qui était la marque de The Texas Chain Saw Massacre. Au niveau de l'utilisation de l'espace, de la psychologie des personnages, de la narration, on est proche du n'importe quoi total : on est balancé sans coupe d'un quartier résidentiel huppé à une forêt profonde, les personnages semblent faire 40 kilomètres en 7 secondes, l'héroïne apprend qu'elle est la soeur du tueur comme une révélation divine, Myers tue à tort et à travers sans aucune logique... C'est un grand bordel qui ne se donne jamais la peine d'être écrit, même sur un coin de nappe ; mais le fait est que c'est tant mieux. Du coup, Zombie se concentre sur l'efficacité des séquences. Plutôt que de chercher à expliquer le pourquoi du comportement de Myers, ou tenter de nous faire croire à une quelconque psychologie (le gros boulet du premier opus), il préfère laisser filer son petit ton non-sensique qui fait du bien. Le tueur surgit d'endroits totalement improbables (une ambulance, alors qu'il est mort ; derrière un arbre, alors que sa victime s'y appuie), et tue sans but : on retrouve ainsi le vrai personnage de Michael Myers, celui de Carpenter, qui représente un état ultime du Mal, invincible, aveugle et privé de raison.
Tempérons quand même cet enthousiasme en mentionnant que la mise en scène de Zombie est toujours aussi immonde, le type n'ayant sûrement jamais entendu parler de montage ou de direction d'acteurs. Dans une photo affreuse (le classique écran bleu et noir strié d'éclairs qui occulte la moitié de ce qu'il y a à voir), il est toujours le cul entre deux chaises (montrer ou ne pas montrer ?), faisant preuve d'une frilosité assez mal venue dans ce type de production. Le gore n'est pas poussé au bout, et c'est dommage car l'imagination quand il s'agit de décimer la distribution du film ne manque pas. De plus, il y a une tendance à l'onirisme creux qui soûle très vite, les visions de Myers étant filmées telles quelles, dans toute leur candeur kitsch (la mère tout en blanc présente dans toutes les scènes de meurtre, mauvaise idée). Le film est très con dans sa façon de raconter, d'expliquer les choses, de meubler les passages entre les meurtres. Mais vu le naufrage du premier volet, on ne peut que reconnaître que Zombie a vraiment progressé ici.